Le recours aux césariennes trop rares ou trop courantes selon les pays
Le recours aux césariennes trop rares ou trop courantes selon les pays
Le Monde.fr avec AFP
Une étude de l’OMS met en lumière les disparités régionales : en Afrique subsaharienne, cette opération est très peu pratiquée ; elle est courante en Amérique Latine.
Des nouveaux-nés à l’hôpital Paolo Memorial de Bangkok, en Thaïlande, fin décembre 2017. / ATHIT PERAWONGMETHA / REUTERS
Trop rares dans certains pays, trop courantes dans d’autres. Une enquête coordonnée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et publiée par la revue médicale British medical journal (BMJ) jeudi 24 janvier, examine le recours à la césarienne dans le monde. L’étude porte sur 72 pays lors de la période 2010-2014 et exclut les plus riches de la planète.
« Il y avait de larges inégalités entre les pays, avec des taux nationaux [de césariennes] variant de 0,6 % au Soudan du Sud à 58,9 % en République dominicaine », ont précisé ses auteurs.
En Afrique subsaharienne, cette opération est très peu pratiquée, par exemple au Tchad (1,5 % des naissances), au Burkina Faso (2,1 %) en Côte d’Ivoire (3,1 %) ou en République démocratique du Congo (5,5 %). Elle est très pratiquée dans des pays comme l’Egypte (55,5 %), l’Argentine (43,1 %) ou la Colombie (36,9 %).
Globalement, plus les femmes sont pauvres, plus elles accouchent par voie basse. Les césariennes sont plus répandues « chez les sous-groupes plus aisés, ce qui indique souvent qu’on en abuse ».
Traduction des inégalités sociales
Dans beaucoup de pays, les inégalités sociales se traduisent directement dans le type d’accouchement. En République dominicaine par exemple, parmi les 20 % de femmes les plus riches, 81 % donnent naissance par césarienne. Parmi les 20 % les moins riches, elles ne sont que 41 %.
Les raisons de ces écarts sont « complexes », d’après les auteurs. Là où les césariennes sont trop rares, cela semble dû à « une pénurie de personnel médical qualifié et d’infrastructures de santé, des coûts pour la parturiente, ou des croyances culturelles sur la valeur et les dangers » de cette opération.
Là où elles sont trop fréquentes, les auteurs évoquent de nombreux facteurs, structurels (comme les incitations financières ou la peur des risques juridiques) ou personnels (crainte de la douleur, des séquelles, questions de statut social).
D’après l’OMS, un taux normal de césariennes, d’un point de vue médical, se situe entre 10 et 15 %.