Le Conseil de sécurité des Nations unies a accordé mercredi 24 janvier jusqu’à fin mars aux parties maliennes pour montrer des avancées dans l’application de l’accord de paix signé en 2015, faute de quoi elles s’exposeront à des sanctions pour obstruction. Les quinze membres du Conseil ont adopté une déclaration, préparée par la France, qui a « exprimé un sentiment partagé d’impatience concernant les retards persistants » dans la concrétisation de l’accord. Ils ont « l’intention de surveiller la situation de près et de réagir avec les actions appropriées si les parties devaient ne pas respecter leurs engagements » d’ici à la fin mars.

Des djihadistes liés à Al-Qaida ont pris le contrôle du nord du Mali début 2012 mais en ont largement été chassés par une opération militaire internationale menée par la France à partir de janvier 2013. Le gouvernement malien a signé un accord de paix avec des coalitions de groupes armés en juin 2015 destiné à mettre fin aux combats mais les rebelles restent actifs.

Le gouvernement et deux groupes armés – la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion) et la Plate-forme des mouvements du 14 juin 2014 (pro-gouvernementaux) – ont accepté la semaine dernière que l’ONG Carter Center agisse comme observateur indépendant.

Un « moment charnière »

Le Conseil de sécurité a évoqué « un besoin pressant de fournir aux populations du nord et d’autres régions du Mali des dividendes tangibles et visibles de la paix » avant les élections prévues cette année. Lors de cette réunion à New York, l’ambassadrice des Etats-Unis auprès de l’ONU Nikki Haley a affirmé au ministre malien des affaires étrangères Tiéman Hubert Coulibaly que son pays se trouvait à un « moment charnière ».

Respecter l’accord de 2015 et mener des élections réussies est « crucial pour poursuivre la transition politique du Mali », a indiqué la représentation américaine dans un communiqué.

Un régime général de sanctions a été adopté par le Conseil en septembre 2017 face au risque d’effondrement de l’accord de paix. De larges pans du pays restent en proie aux combats et les casques bleus de la Minusma continuent d’être attaqués. Le Conseil peut décréter une interdiction mondiale de visas et geler les avoirs de n’importe quel citoyen malien considéré comme entravant la paix.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a annoncé mardi la constitution d’une commission d’enquête internationale sur de graves infractions aux droits de l’homme depuis 2012. Son rapport doit être rendu d’ici à un an.