Elèves ingénieurs de l’NSA, réseau d’établissements qui recrutent après le bac et jusqu’à bac + 4. / INSA via Campus

Marc Renner est président de la Conférence des écoles d’ingénieurs (CDEFI), et le directeur de l’INSA Strasbourg. Il explique, dans un entretien, quels sont les profils d’étudiants les plus susceptibles d’intégrer un tel établissement après un premier cursus, à l’IUT, en BTS ou à l’université, et les choses à savoir pour réussir ces concours d’entrée en « admissions parallèles », également appelées « admissions sur titres ».

A quel niveau recrutent principalement les écoles d’ingénieurs, et quelle part de leurs étudiants entrent par les admissions parallèles, après un autre cursus qu’une prépa ?

La part des nouveaux inscrits issus de classes préparatoires est passée, en dix ans, de 46 % à 40 %, tandis que la part des étudiants intégrant une école après le bac a fortement progressé, pour atteindre 27 %. Quant aux admissions parallèles des étudiants formés en France, elles représentent près de 20 % du total : 3 % ont lieu après un BTS, près de 10 % après un DUT (diplôme délivré par les IUT) et 4,8 % après des études à l’université (à l’issue d’une deuxième ou troisième année de licence, ou d’une première année de master).

Il faut savoir que ces chiffres varient selon le type d’école. Les titulaires d’un DUT ou d’un BTS représentent 15 % des nouveaux inscrits des écoles du ministère de l’enseignement supérieur (dont font partie les universités de technologie, comme l’UTC, UTT, les INSA et les écoles internes aux universités), 12 % des entrants dans les écoles privées et seulement 6 % de ceux des écoles publiques sous tutelle des ministères « techniques » (mines, défense, agriculture), très orientées classes prépas. Les écoles de statistiques Ensai et ENSA sont celles qui intègrent la plus grande proportion d’élèves provenant d’un cursus universitaire (18 %), suivies des écoles d’ingénieurs internes aux universités (7,4 %).

Les étudiants venus des universités représentent une faible part.

On a en effet encore beaucoup de progrès à faire pour les attirer ! D’autant que les étudiants de licence sont un public très intéressant, doté d’un socle scientifique solide, acquis avec une forte autonomie. Or, les entreprises nous demandent des profils très autonomes. S’ils ne viennent pas en nombre, c’est pour plusieurs raisons : certains préfèrent continuer en master, d’autres ne sont probablement pas très bien informés sur les possibilités, et d’autres enfin déplorent un manque de fluidité : certaines écoles, comme les INSA, recrutent en fin de L2 pour l’entrée en troisième année, mais d’autres n’acceptent que des L3 à ce stade : ceux-ci ont ainsi le sentiment de « perdre » une année. L’admission parallèle en quatrième année est, de son côté, réservée aux M1, qui ont pourtant un niveau bac + 4.

Mais cela va peut-être évoluer : en effet, il est évoqué d’allonger d’une année la durée d’un DUT. Si tel est le cas, nous aurons un travail à faire la commission du titre d’ingénieurs, qui fixe le référentiel, pour décider si l’on modifie le niveau d’entrée pour ces étudiants. Et à mon sens, on ne pourra pas se lancer dans une telle réflexion sans évoquer la question du niveau d’entrée requis pour les étudiants venus des licences.

Comment cibler les écoles d’ingénieurs où postuler en admission parallèle ?

Il s’agit, en général, de jeunes qui s’intéressent à un domaine précis. Par exemple, un diplômé d’un DUT en génie civil va viser une école spécialisée dans la construction, celui d’un DUT mécanique ou productique ou informatique va s’intéresser aux écoles dans ce champ disciplinaire. Pour connaître le niveau requis, on peut en discuter avec ses enseignants. Et il est important de prendre contact avec les écoles lors des salons d’orientation et des journées portes ouvertes, et d’y discuter avec des étudiants. Cela permet de lever des freins, de modifier l’image d’une école qui paraissait inaccessible, alors qu’elle ne l’est pas forcément. Entre élèves, on se dit plus facilement les choses. D’autant que les écoles prennent soin d’avoir des étudiants venus de divers horizons sur les salons et les JPO, qui peuvent donc témoigner de leur propre parcours. Et pour ceux qui auraient des craintes, je précise que les élèves entrés par les admissions parallèles réussissent aussi bien que les autres.

Quel est le niveau requis ?

Pour parler de ma propre expérience, au sien du groupe INSA, on n’aime pas analyser les bulletins de notes. Mais on sait que les chances d’intégrer dépendent de l’attractivité des différentes spécialités d’ingénieurs : la compétition sera plus forte en génie civil, génie climatique ou génie énergétique, les candidats qui ne font pas partie des dix premiers de leur DUT ont peu de chances d’être pris. Mais en génie mécanique, électrique et plasturgie, être dans le premier quart de sa promotion suffit. Il faut aussi savoir qu’au sein de l’INSA Strasbourg, que je préside, nous recrutons volontiers des BTS de topographie, qui sont très réputés.

Quand faut-il candidater et en quoi consistent les concours d’entrée en admissions parallèles ?

C’est le moment de s’en occuper, les inscriptions étant souvent closes avant mars. Il s’agit d’une sélection sur dossier, suivie parfois d’un entretien. Sont pris en compte les résultats scolaires ainsi que les avis des enseignants. Je conseille aux jeunes qui demandent à leurs professeurs de remplir leur dossier de bien leur préciser leur projet en amont.

En cas d’oral, en quoi consiste-t-il et comment s’y préparer ?

Tous ceux que je connais sont des entretiens de motivation, il ne s’agit pas de vérifier les connaissances du candidat, même s’il arrive que le niveau d’anglais soit testé à cette occasion. Il faut que l’on sente l’envie, l’intérêt du candidat pour cette spécialité. Il est donc important qu’il réfléchisse avant à cette question. Mais il ne s’agit pas d’un exercice tout préparé, rien n’est pire que le sentiment que le candidat joue un rôle. Soyez vous-mêmes, avec vos forces et vos faiblesses, sans faire semblant. Sachez qu’il n’est pas nécessaire d’être passionné de voitures depuis son enfance pour être admis dans une école du secteur automobile. Qu’il n’y a rien de honteux à ne pas être parti à l’étranger, et le cas échéant, il ne faut pas hésiter à dire qu’on n’en avait pas les moyens.

Tout savoir sur les admissions parallèles pour intégrer une grande école à bac + 2, + 3 ou + 4

Toutes les grandes écoles de commerce et d’ingénieurs recrutent-elles en admissions parallèles ? Celles-ci sont-elles un plus sûr moyen qu’une classe prépa d’accéder à de telles études ? Les admis sur titres s’intègrent-ils facilement dans les établissements puis sur le marché du travail ? Voici nos principaux articles parus sur ce thème :

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