TV – « Crashing », les aventures tragicomiques d’un humoriste
TV – « Crashing », les aventures tragicomiques d’un humoriste
Par Renaud Machart
Notre choix du soir. Cette série narre de manière irrésistible les débuts de l’humoriste américain Pete Holmes, qui joue son propre rôle (sur OCS à la demande).
CRASHING Season 2 Official Teaser Trailer (HD) Pete Holmes HBO Comedy Series
Durée : 01:54
La série I’m Dying Up Here (2017), créée par David Flebotte, faisait le portrait du « comedy club » tenu, à Los Angeles, par la légendaire Mitzi Shore. Là y débutèrent nombre d’artistes de stand-up, dont Jim Carrey, l’un des coproducteurs de cette série que Canal+ tient toujours à disposition sur son site de replay (jusqu’au 19 mars).
On voyait quelle était la dureté implacable du métier de comedian (les humoristes de « stand up », debout devant un simple micro) : il n’y a pas plus effrayant que le silence embarrassé du public suivant une blague qui ne marche pas ; il n’y a pas plus terrible que les saillies cruelles que lancent certains, dans la salle, à ceux qui, sur l’estrade, n’ont pas l’heur de les faire se gondoler.
C’est évidemment le cas de Pete Holmes, dans Crashing, une autre série sise dans le milieu (new-yorkais cette fois) des comédiens de stand-up plus ou moins confirmés. Pete Holmes, qui a conçu cette série, avec le concours de Judd Apatow (réalisateur de son pilote), joue son propre rôle, en lui donnant d’évidents et savoureux traits caricaturaux.
Ce grand gaillard un peu mou, tel qu’on le rencontre dans le premier épisode de la saison 1 – disponible, ainsi que les deux premiers de la saison 2, sur OCS GO à la demande – ennuie un peu tout le monde par sa gentillesse un peu niaise et son charisme à peu près du niveau de celui d’une huître.
Attachant, naïf et immature
Son couple en fait les frais : son épouse – incarnée par Lauren Lapkus, au physique à la Olive Oyl si reconnaissable – s’ennuie au lit et compense la chose par des séances tantriques avec un baba cool chevelu. Pete les trouve au lit expérimentant « le petit pont » ou la « brouette thaïlandaise » et s’enfuit, horrifié.
Il a pour fardeau supplémentaire d’être chrétien, de n’avoir couché qu’avec sa femme et de ne pas boire d’alcool : toutes choses qui ne sont pas l’ordinaire de son milieu professionnel. Un magicien, adepte de l’explication raisonnée de la création du monde, lui fait douter de sa foi.
Un collègue compatissant, qui a de nombreuses heures de route au compteur, le transbahute dans un club de comédie de banlieue où le public, ivre et bruyant, n’aime que l’humour à gros traits et à gros mots. Pas trop le genre de Pete. Il va finir par boire et fumer de l’herbe, avec des résultats et des conséquences plus ou moins heureuses. Grâce à l’entremise généreuse de Sarah Silverman (qui, à l’instar d’autres humoristes américains, joue son propre rôle dans Crashing), Pete devient chauffeur de salle dans l’une des plus importantes émissions de la matinée sur une grande chaîne.
La saison 2 reprend les aventures du grand dadais, moins benêt qu’on l’a connu, mais toujours secoué par les événements plus ou moins catastrophiques auxquels le confronte le vent de la vie. Mais Pete est plus que jamais attachant, toujours naïf et immature (il tombe amoureux d’une collègue qui, ivre, en a fait sa proie d’une nuit, etc.).
Crashing – à ne pas confondre avec une autre série, britannique, du même nom mais sans rapport avec celle-ci – fait partie de ces récits qui, avec de petits riens, parviennent à faire un grand tout. Un peu à la manière de Louie, la merveilleuse série de Louis C.K. dont on espère qu’OCS ne la mettra pas au rancart après les ennuis de son créateur, accusé de harcèlement sexuel…
Crashing, saison 2, série créée par Pete Holmes. Avec Pete Holmes, Lauren Lapkus, Artie Lange, T. J. Miller, Sarah Silverman, George Basil (Etats-Unis, 2017-2018, 16 × 30 min).