GIF, LOL, petites phrases… « Le Lab » d’Europe 1 ne se résumait pas qu’à cela
GIF, LOL, petites phrases… « Le Lab » d’Europe 1 ne se résumait pas qu’à cela
Par Brice Laemle
Veille du Web et second degré inspiré de Twitter étaient les maîtres mots de ce média consacré à l’actualité politique. Il ferme ses portes jeudi 1er février.
Le site de la radio Europe 1 consacré à scruter les soubresauts de l’actualité politique française et à ses coulisses n’existera plus jeudi 1er février. Lancé peu avant la campagne présidentielle 2012, Le Lab avait pour but de mettre en avant des déclarations de responsables politiques français présents dans la presse ou sur le Web. Et surtout celles qui avaient pu passer inaperçues dans le flux du reste de l’actualité ou même négligées par Twitter.
« Une revue de presse permanente, qui te fait gagner du temps, t’apprend des trucs que tu ne savais pas, et que tu vas avoir envie de raconter à la machine à café (enfin, sa version moderne, sur Twitter quoi) », décrivait le rédacteur en chef de l’époque Antoine Bayet, en novembre 2012.
Le Lab avait aussi pour vocation d’intéresser un public jeune à la politique avec son ton décalé : pour cela, plusieurs artifices étaient mobilisés.
Des clins d’œil « Twitter friendly »
Pour l’avant-dernier jour avant sa fermeture, le compte Twitter du média a partagé un extrait vidéo de la comédie La Classe américaine. « Le train de tes injures roule sur le rail de mon indifférence. Je préfère partir, plutôt que d’entendre ça, plutôt que d’être sourd », rétorque le personnage Georges Abitbol lors d’un échange culte avec José.
Salut Twitter. Pardon mais l'honnêteté nous oblige à te dire qu'on aimerait que tu te souviennes de nous comme d'un… https://t.co/XlQhjlXQig
— leLab_E1 (@Le Lab)
Autre référence, postée vingt-quatre heures plus tard le 31 janvier, mais même esprit. « Ça va couper chérie », dit le projectionniste dans La Cité de la peur, le film écrit par Les Nuls et réalisé par Alain Berberian. Une manière de rappeler que même si Le Lab n’existera bientôt plus, les utilisateurs de Twitter n’ont pas fini de rire des politiques.
Salut Twitter. Attention, ça va couper https://t.co/SyoDmdazbV
— leLab_E1 (@Le Lab)
Les commentaires dénonçant cette disparition s’enchaînent et les hommages en GIF ou avec des images détournées en mèmes pleuvent à l’image de ce tweet du journaliste d’Europe 1, Jean-Philippe Balasse.
Je crois aux forces de l’esprit. @leLab_E1 ne nous quittera pas. Faites du bruit pour @amarcireau @sychazot… https://t.co/XuVvaKCPEd
— balasseE1 (@JeanPhilippe Balasse)
Cet ancien stagiaire du Lab, Jules Darmanin, devenu journaliste à BuzzFeed France, déplore lui aussi la mort du site d’Europe 1.
Mon stage à @leLab_E1 m'a appris que quand quelqu'un te répond "ce n'est pas un sujet d'article", c'est à peu près… https://t.co/ADibbaxSth
— JulesDrmnn (@Jules Darmanin)
Ou encore, Cécile Duflot, l’ancienne ministre du logement sous François Hollande, qui s’est fendue de deux hommages appuyés.
Cher @leLab_E1 au tout début c’était compliqué avec vous 😉 mais au fil du temps vous êtes devenus bcq moins buzz et… https://t.co/TRPOfeqZ16
— CecileDuflot (@Cécile Duflot)
pensées à l’équipe du @leLab_E1 qui a fait des choses sérieuses mais à qui on pouvait aussi faire des blagues via T… https://t.co/LeP9leTIbh
— CecileDuflot (@Cécile Duflot)
Léger de prime abord, mais du sérieux à l’intérieur
A l’opposé, Nadine Morano disait il y a peu au site Slate ne pas « regretter » la disparition du Lab. Régulièrement passée sur le gril par le site, elle dénonçait par ailleurs « une recherche du buzz permanente par les organes de presse (…) en utilisant la caricature plus que le réel objectif d’informer ».
Les titres en page d’accueil du site, les captures d’écran lors des questions au gouvernement, les accroches sur les réseaux sociaux, les sujets parfois légers ont été régulièrement critiqués, surtout par les politiques mis en cause.
Les titres en homepage du site « Le Lab » ont régulièrement été critiqués, notamment par les hommes et femmes politiques.
Mais derrière sa mise en forme facile d’accès, de jeunes journalistes mettaient en avant des informations ignorées par les autres médias.
Un constat amer fait par Vincent Glad sur le site de Libération : « Avec la mort du Lab, ce sont des centaines d’informations qui vont se perdre dans le flux quotidien des médias, des dizaines de polémiques qui ne naîtront jamais. »
En l’espace de sept ans, les journalistes du Lab ont fait émerger bien d’autres choses que des « petites phrases », tout cela (et bien d’autres), ce sont eux : la proposition sur la dépénalisation du cannabis lancée par Vincent Peillon, alors ministre de l’éducation ; la campagne de François Fillon aux frais de l’Assemblée ; la « fournée » de Jean-Marie Le Pen, ou encore la révélation de l’emploi de la femme de Claude Bartolone au cabinet de son mari.
Un vide que tentera de combler l’émission de TMC « Quotidien », avec son regard acerbe sur le personnel politique, leurs éléments de langage, ou encore leurs lapsus.
Pour Bruno Le Maire, "la France va mieux". Sauf que les politiques nous disent que "ça va mieux" depuis… plus de 30… https://t.co/IN1CX21hms
— Qofficiel (@Quotidien)