Un rapport d’experts pointant « une logique de compression des effectifs non assumée » au sein de Mobipel, le centre d’appel de l’opérateur Free, consulté par l’Agence France-Presse (AFP) lundi 5 février, dénombre une forte proportion de licenciements pour « faute grave ». Entre juin 2014 et septembre 2017, les effectifs de ce centre, filiale d’Iliad, situé à Colombes ont été réduits de 60 % (de 711 à 287 salariés), stipule le rapport, révélé par l’hebdomadaire Politis.

« Ces départs n’ont rien de naturels puisqu’ils font suite à des licenciements disciplinaires massifs, des ruptures conventionnelles et des transferts intra-groupe qui ne sont pas indépendants de la volonté de l’employeur. »

Sur les 807 départs recensés sur cette période, 266 étaient des licenciements pour faute grave, qui permettent à l’entreprise de ne pas verser d’indemnités de licenciement ou de préavis au salarié concerné.

Ce rapport a été commandé par le comité d’entreprise de Mobipel au cabinet Alter au moment de la diffusion en septembre de l’émission « Cash investigation », qui s’était penchée sur cette pratique. La réalité décrite « confirmerait la thèse de certains représentants du personnel selon laquelle la direction de Mobipel chercherait par toutes les solutions individuelles possibles à contourner son obligation de mettre en œuvre une procédure collective, qui l’obligerait notamment à mettre en œuvre des mesures coûteuses », peut-on lire.

« Un plan social déguisé »

Les experts ont pu consulter 168 lettres de licenciements notifiés pour faute grave, dont 48 n’ont été précédés « ni d’une mise en demeure ni d’un avertissement ». 117 lettres font référence à des absences non justifiées.

Entre 2014 et 2016, « 84 contentieux ont été engagés par les salariés » suite à des licenciements, recense le rapport. Selon les chiffres communiqués par la direction en comité d’entreprise, sur les 19 cas jugés en 2017, 13 salariés ont obtenu gain de cause auprès des prud’hommes, et 6 ont été déboutés, a dit à l’AFP Anousone Um, délégué syndical (Union syndicale solidaires, SUD).

Pour lui, tout « a commencé très clairement en octobre 2014 », à la suite d’un « débrayage » visant à dénoncer « les conditions de travail ». « Depuis ce jour-là », il dit constater « ce que [la direction] appelle la décroissance, ce que moi j’appelle le début du plan social déguisé. » Sollicitée, la maison mère de Free, Iliad, considère que les éléments parus dans la presse « ne reflètent pas la réalité », promettant « des éléments précis et chiffrés » sur le sujet.