Une expulsion d’un bidonville où vivait 80 Roms à Villeurbanne, près de Lyon. / JEFF PACHOUD / AFP

Entre janvier et décembre, ils sont 11 039 Roms à avoir été évacués de force de leurs campements. Un nombre en augmentation de 12 % par rapport à 2016, selon un rapport associatif publié, mardi 6 février, quelques jours après une instruction gouvernementale volontariste sur la résorption des bidonvilles.

Dans leur rapport annuel, la Ligue de droits de l’homme (LDH) et l’European Roma Rights Center (ERRC) soulignent ainsi que centre trente « lieux de vie, bidonvilles et squats » ont été évacués en 2017. Au total, « 71 % des personnes vivant en bidonvilles et squats » ont été touchées par ces « expulsions intensives », ajoute le rapport, élaboré sur la base d’articles de presse, de communiqués et de témoignages.

Comme les années précédentes, les associations déplorent que « la moitié des expulsions » aient été exécutées sans solutions de relogement, ou au mieux « limitées à un hébergement de courte durée » dans des hôtels sociaux ou des gymnases par exemple. « Ces mesures sont en contradiction » avec la circulaire d’août 2012 qui prévoyait un accompagnement social lors des démantèlements, ajoute le rapport.

570 bidonvilles

Environ 16 000 personnes vivent actuellement en France dans quelque 570 bidonvilles, dans des conditions généralement indignes (manque d’eau, d’accès aux soins, etc.) Dans une circulaire du 25 janvier, le gouvernement s’est fixé pour but une « réduction durable dans les cinq ans » du nombre de bidonvilles, avec une politique « à la fois humaine et exigeante ».

Malik Salemkour, le président de la LDH, s’est félicité d’« une écriture et [d’]une philosophie plutôt satisfaisantes », puisque cette instruction « reprend le discours positif de la résorption alors qu’on avait une approche plus répressive » jusqu’alors. Mais le responsable associatif a souligné que la philosophie du texte était « très éloignée de la pratique actuelle ».

Dans leur rapport, les associations jugent notamment « particulièrement préoccupantes » ces expulsions, alors que la loi « ouvre désormais la possibilité d’appliquer la trêve hivernale pour les habitants des bidonvilles ». « Ces bonnes intentions de principe n’ont pas été appliquées pour ces familles roms », déplore le rapport, qui dénonce des expulsions au premier trimestre 2017 « en dépit des conditions hivernales », ainsi qu’en novembre et décembre.