Contre le déclassement de zones défavorisées, des agriculteurs en colère bloquent routes et autoroutes
Contre le déclassement de zones défavorisées, des agriculteurs en colère bloquent routes et autoroutes
Le Monde.fr avec AFP
Dans plusieurs régions françaises, les exploitants dénoncent la fin du système qui leur permettait de percevoir des aides européennes compensatoires.
La présentation de la carte définitive des zones défavorisées est prévue le 15 février. / PASCAL PAVANI / AFP
« A situation désespérée, action désespérée », se sont-ils justifiés. Dans plusieurs régions de France, les agriculteurs se sont mobilisés, vendredi 9 février. Ils dénoncent le déclassement de territoires jusqu’ici considérés comme des zones défavorisées – ce qui leur garantissait de percevoir des aides européennes compensatoires.
Dans le centre de la France, les manifestants ont bloqué les autoroutes A10 en direction de Paris près de Tours, et A71 près de Vierzon (Cher). A l’appel de l’Union départementale des exploitants agricoles (UDSEA) de l’Indre-et-Loire et des Jeunes Agriculteurs, au moins une vingtaine de tracteurs et près d’une centaine d’éleveurs bloquaient vendredi après-midi le péage de Monnaie, sur l’A10 au nord de Tours, en direction de Paris. Le blocage, qui a duré de 16 h 30 à 19 heures, a provoqué plusieurs kilomètres de bouchon, selon Vinci Autoroutes.
« Rester vigilants et mobilisés »
Plus au sud, les agriculteurs aveyronnais et audois ont également installé vendredi matin des barrages sur les voies de circulation de leur département. En appelant à manifester, la FDSEA de l’Aude a souligné que les exploitations audoises étaient « complètement exclues » de la carte des zones défavorisées qui donnent droit à des aides européennes.
De son côté, le gouvernement affirme que cette réforme va bénéficier à environ 13 % d’agriculteurs supplémentaires. « Dans l’hypothèse de travail présentée et avec le ciblage actuel de l’aide, ce sont près de 60 000 agriculteurs qui pourraient bénéficier de l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN) au 1er janvier 2019, contre environ 52 500 aujourd’hui », a détaillé dans un communiqué le ministère de l’agriculture.
3 555 communes supplémentaires
Les exploitants qui pourraient être amenés à sortir du nouveau zonage « bénéficieraient de mesures d’accompagnement destinées à les aider à faire face à leur nouvelle situation », a assuré le ministère. Pour ce qui est des communes perdant l’éligibilité « mais situées dans une zone, par ailleurs, entièrement classée », le ministre de l’agriculture, Stéphane Travert, compte demander auprès de la Commission européenne la « prise en compte d’un critère de continuité territoriale » pour les faire « réintégrer ».
Les deux principaux syndicats agricoles, la FNSEA et la Coordination rurale, ont regretté dans deux communiqués distincts vendredi que de nombreuses zones intermédiaires ne figurent toujours pas sur la carte présentée par M. Travert.
En tout, 3 555 communes supplémentaires intégreront la nouvelle carte qui doit remplacer à partir du 1er janvier 2019 la carte actuelle, datant de 1976, et qui compte 10 429 communes. La présentation de la carte définitive de ces zones est prévue le 15 février par la commission nationale travaillant sur le dossier, sous l’autorité du ministre de l’agriculture, Stéphane Travert.