Trois avocats parisiens ont écrit jeudi 8 février au procureur de Paris François Molins et au parquet chargé des mineurs au sujet de la situation « très préoccupante » de 128 mineurs isolés « en danger » dans la capitale, en pleine vague de froid. Ils demandent que ces mineurs soient mis « en sécurité de toute urgence » alors qu’ils « n’ont pas accès aux dispositifs de mise à l’abri » classiques « du 115, réservés aux majeurs », soulignent-ils dans la lettre dont sont également destinataires le Défenseur des droits Jacques Toubon et la procureure générale de la cour d’appel, Catherine Champrenault.

« De nombreux mineurs non accompagnés (…) se trouvent actuellement livrés à eux-mêmes dans les rues de Paris, sans abri, par des températures négatives, et de ce fait exposés à un danger grave et immédiat pour leur santé physique et psychique », s’alarment Catherine Delanoë-Daoud et Isabelle Roth, responsables du pôle mineurs non accompagnés du barreau de Paris, et Emmanuel Daoud, membre du conseil de l’ordre de Paris.

« Ce n’est qu’une partie de l’iceberg »

Ils ont joint à leur signalement une liste nominative de 128 mineurs de 13 à 17 ans, la plupart des garçons, « mais ce n’est qu’une partie de l’iceberg », selon Me Daoud. Les jeunes gens, qui « n’avaient aucune solution d’hébergement depuis plusieurs nuits », ont été identifiés et recensés dans la capitale en milieu de semaine, principalement dans l’est et le nord parisiens, sur la base des informations d’associations de terrain spécialisées dans la prise en charge des réfugiés et de mineurs isolés.

Les avocats ont décidé de saisir le procureur en vertu de ses missions de protection de l’enfance, pour que les pouvoirs publics – la ville de Paris et le préfet de Paris – mettent « tous les moyens matériels et humains en œuvre afin d’assurer une protection efficace de ces mineurs », d’après leur courrier publié dans la revue juridique Dalloz.

Un total d’au moins 1 000 migrants dorment actuellement dehors à Paris, estiment plusieurs ONG, qui s’inquiètent de voir certaines personnes renoncer à des mises à l’abri par crainte d’une reconduite à la frontière. Dans le cadre du plan Grand Froid, l’Etat a ouvert « 1 435 places supplémentaires » en Ile-de-France dont « 751 à Paris », selon un point fait par la préfecture de région jeudi.