En Ethiopie, un journaliste et un opposant libérés
En Ethiopie, un journaliste et un opposant libérés
Le Monde.fr avec AFP
Les autorités, qui ont entrepris un programme d’amnisties, ont également abandonné les charges contre deux blogueurs critiques du gouvernement.
Les autorités éthiopiennes ont libéré, mercredi 14 février, un journaliste et un responsable d’opposition dans le cadre d’un programme d’amnisties et de libérations de prisonniers. Elles ont également abandonné les charges contre des blogueurs critiques du gouvernement.
Le journaliste Eskinder Nega et l’opposant Andualem Arage ont quitté une prison d’Addis-Abeba sous les regards d’une centaine de personnes venues les saluer, a constaté un journaliste de l’AFP. « La lutte doit continuer, a notamment déclaré M. Andualem. Il faut que la situation s’améliore pour nous tous, les rayons de la démocratie doivent briller sur l’Ethiopie. »
MM. Andualem et Eskinder avaient été condamnés respectivement à perpétuité et à dix-huit ans de prison, en 2012, dans le cadre de la législation antiterroriste éthiopienne. Ils avaient été accusés d’être liés à un groupe d’opposition exilé aux États-Unis, Ginbot 7, considéré comme une organisation terroriste par le régime éthiopien. En 2013, les États-Unis s’étaient dits « profondément déçus » quand la Cour suprême fédérale avait confirmé la condamnation des deux hommes.
« Améliorer le consensus national »
La loi sur le terrorisme est régulièrement dénoncée comme trop vague par les organisations de défense des droits humains, selon qui les autorités éthiopiennes l’utilisent pour étouffer l’opposition politique et la liberté de la presse.
Amnesty International a salué la libération de MM. Andualem et Eskinder, survenue au lendemain de celle d’un des principaux responsables de l’opposition, Bekele Gerba, tout en appelant le gouvernement à libérer plus de prisonniers politiques. « Les autorités doivent aussi prendre des mesures pour réformer le système judiciaire sous lequel les détentions arbitraires et les tortures de dissidents ont pullulé », a déclaré Sarah Jackson, directrice adjointe de l’ONG pour l’Afrique de l’Est.
Ces dernières semaines, les autorités éthiopiennes ont libéré des centaines de prisonniers et abandonné des poursuites, à la suite de la promesse faite par le premier ministre, Hailemariam Desalegn, le 3 janvier, de libérer un certain nombre d’hommes politiques pour « améliorer le consensus national ».
Promesse de réformes
Mercredi, le parquet éthiopien a renoncé à poursuivre deux blogueurs critiques du gouvernement, Befekadu Haile et Natnael Feleke, qui étaient inculpés d’incitation à la violence, a affirmé un membre de leur collectif. Ce dernier, Atnafu Berhane, a assuré que le juge avait aussi annoncé que les charges retenues contre lui seraient abandonnées.
Ces libérations, ainsi que des discussions en cours avec certains partis d’opposition et la récente promesse de réformes, s’inscrivent dans un contexte difficile pour la coalition au pouvoir, au sein de laquelle des fractures sont apparues dernièrement.
De nombreux opposants avaient été arrêtés à partir de fin 2015 dans le cadre de la répression des plus importantes manifestations antigouvernementales en Ethiopie depuis vingt-cinq ans, qui avait fait au moins 940 morts, selon la Commission éthiopienne des droits de l’homme, liée au gouvernement. Le calme n’était revenu qu’avec l’instauration de l’état d’urgence entre octobre 2016 et août 2017, même si d’occasionnelles manifestations ont encore lieu dans la région Oromia.