Le fatalisme de l’administration Trump face aux fusillades de masse
Le fatalisme de l’administration Trump face aux fusillades de masse
Par Gilles Paris (Washington, correspondant)
Un jeune homme a fait mercredi 17 morts dans un lycée en Floride. Cette 18e fusillade de l’année visant un établissement scolaire, relance le débat sur les armes.
Une partie des élèves du lycée de Parkland évacués par les forces de l’ordre, mercredi. / Mike Stocker / AP
« Prières et pensées », voilà ce que la Maison Blanche a initialement offert aux victimes de la fusillade qui a ravagé un établissement scolaire de Floride, mercredi 14 février. « Aucun enfant, enseignant ou autre personne ne devrait se sentir en danger dans une école américaine », a assuré Donald Trump sur son compte Twitter après avoir présenté ses condoléances, ajoutant être en contact avec le gouverneur républicain de l’Etat, Rick Scott.
My prayers and condolences to the families of the victims of the terrible Florida shooting. No child, teacher or an… https://t.co/RFJxgM1jhm
— realDonaldTrump (@Donald J. Trump)
Ces premières réactions, en milieu d’après-midi, sont intervenues alors que le nombre de blessés ou de morts dans cette école de Parkland, située au sud-est de la Floride, était encore inconnu avec précision. Lorsqu’un bilan officiel de 17 morts a été annoncé par les autorités locales, le service de presse avait déjà annoncé la fin des activités présidentielles officielles du jour.
Le « bump stocks » interdit… dans un Etat
Selon les premiers éléments recueillis par la police, l’auteur présumé des tirs serait un ancien élève qui aurait été renvoyé de l’établissement pour son indiscipline. Comme dans de nombreuses fusillades de masse, il aurait fait usage d’un fusil d’assaut très populaire aux États-Unis, le AR-15, un semi-automatique qui a toutes les apparences d’une arme de guerre et qui peut être facilement modifié pour être transformé en quasi automatique, un type d’arme théoriquement interdit.
Des AR-15 ont été utilisés systématiquement lors des dernières fusillades les plus meurtrières : à San Bernardino (Californie) en décembre 2015, à Orlando (Floride) en juin 2016, à Las Vegas (Nevada), en octobre comme à Sutherland Spring (Texas), le mois suivant. L’avant-dernière tuerie (58 morts) avait attiré l’attention sur le dispositif ajouté au AR-15 utilisé par Stephen Paddock, le « bump stocks », permettant d’accélérer la cadence de tir.
Banni par certains États, dont la Californie et l’Etat de New York, deux bastions démocrates, ce dispositif a alors été l’objet de projets de loi en faveur d’une interdiction nationale. En dépit du feu vert initial donné par le très puissant lobby pro armes, la National Rifle Association (NRA), aucun n’a cependant été adopté par le Congrès. Le Massachusetts l’a en revanche interdit au début du mois.
Aucune mesure fédérale adoptée
La fusillade de Floride est la dix-huitième depuis le début de l’année (la moitié n’a pas fait de victimes), et la 291e visant un établissement scolaire depuis le début de 2013, selon Shabbon Watts, fondatrice de Moms Demand Action For Gun Sense In America, une organisation qui lutte pour un contrôle accru des armes à feu.
En décembre 2012, un massacre perpétré dans l’école Sandy Hook à Newtown (Connecticut) avait incité le président démocrate Barack Obama à demander au Congrès d’adopter une législation plus restrictive concernant l’accès aux semi-automatiques (un AR-15 avait été également utilisé) et la vérification des antécédents des acheteurs. Les élus républicains, rejoints par certains démocrates, avaient mis en échec ce projet.
Depuis, aucune mesure d’envergure n’a été adoptée au niveau fédéral. Très lié au lobby pro armes, Donald Trump, après la tuerie de Las Vegas, a exclu toute initiative de sa part. Il a estimé que la multiplication des tueries, un phénomène spécifiquement américain, relève plus d’un problème de santé publique, pointant l’état mental des auteurs, que d’un accès aux armes trop facile.
La NRA s’efforce d’ailleurs de convaincre le Congrès de prendre une mesure favorisant au contraire le port d’arme. Elle souhaite en effet que les États qui ne reconnaissent pas le droit aux citoyens de porter en public une arme à condition qu’elle soit dissimulée l’accordent en revanche aux citoyens venant d’États qui le défendent.