Jean-Marie Le Pen au Parlement européen en 2014. / Vincent Kessler / REUTERS

Jean-Marie Le Pen publiera le 1er mars le premier tome de ses Mémoire. Dans Fils de la nation, dont Le Point et Le Parisien publient des extraits en avant-première, le fondateur du Front national, bientôt 90 ans, revient sur ses souvenirs de jeunesse, y entremêlant des événements de l’histoire de France, de la Libération en 1944 à la guerre d’Algérie.

Il sera publié par l’éditeur Muller, qui « partage les valeurs nationales au cœur de l’engagement politique de Jean-Marie Le Pen », selon son conseiller Lorrain de Saint-Affrique. Un deuxième tome, en cours de rédaction, pourrait également être publié au cours de l’année 2018.

  • Pas « d’interrogatoires spéciaux »

En 1984, Le Canard enchaîné écrivait que Jean-Marie Le Pen avait participé à des tortures pendant la guerre d’Algérie. Une accusation qu’il réfute une nouvelle fois dans ses Mémoires.

« On a parlé de torture. On a flétri ceux qui l’avaient pratiquée. Il serait bon de définir le mot. Qu’est-ce que la torture ? Où commence, où finit-elle ? Tordre un bras, est-ce torturer ? Et mettre la tête dans un seau d’eau ? L’armée française revenait d’Indochine. Là-bas, elle avait vu des violences horribles qui passent l’imagination et font paraître l’arrachage d’un ongle pour presque humain. »
« Cette horreur, notre mission était d’y mettre fin. Alors, oui, l’armée française a bien pratiqué la question pour obtenir des informations durant la bataille d’Alger, mais les moyens qu’elle y employa furent les moins violents possible. Y figuraient les coups, la gégène [électrocution grâce à une dynamo originellement utilisée pour alimenter les radiotéléphones portatifs] et la baignoire, mais nulle mutilation, rien qui touche à l’intégrité physique. »

« Ni moi, ni mes camarades n’étions nullement chargés des interrogatoires spéciaux. […] C’est du bidon, évidemment du bidon, qui ne résiste pas à la plus rapide des analyses », jure-t-il en démontant un par un les témoignages qui l’accusent : « J’ai ainsi été accusé de la même scène de torture le même jour, à la même heure, à plus de 100 km de distance. C’est horrible, l’ubiquité de la bête immonde ! »

  • Un « choc » à l’œil gauche

Jean-Marie Le Pen l’a perdu en montant un chapiteau pour un meeting de Jean-Louis Tixier-Vignancourt, candidat d’extrême droite à l’élection présidentielle de 1965.

« A Hyères, en maniant le maillet pour enfoncer une sardine où l’on attache les cordes de tension, j’ai un choc à l’œil, on doit m’hospitaliser. Décollement de la rétine. La tuile. Je dois quitter la caravane avant Nice, remonter en train les deux yeux bandés, appuyé sur le bras de Pierrette [sa première épouse]. A Lyon, je consulte un grand ponte, le professeur Paufique. Son diagnostic est sans espoir : hémorragie dans le vitré. Il m’opère, mais je perds la vue d’un œil qui restera sensible à la douleur qu’elle lui cause. C’est pourquoi je porterai un bandeau, d’abord pour me protéger contre les batteries de projecteurs que l’on affronte sur scène. »
  • Céline Dion… et les chants de la Wehrmacht
« Je chante partout. […]. Et de tout. Des berceuses apprises de ma mère, des cantiques de ma grand-mère, des chants de marin de mon père, de la variété française de Tino Rossi à Céline Dion, […], de tout vraiment, […] des chants de la Légion dont certains viennent de la Wehrmacht, les chansons de la Commune de Paris ou des républicains espagnols, d’autres anarchistes, quelques-uns fascistes et monarchistes. »
  • Marine s’est « plantée »

Si le premier tome de ses Mémoires évoque finalement peu ses filles selon Le Parisien, Jean-Marie Le Pen glisse quelques lignes sévères sur Marine, l’ancienne candidate à la présidentielle de 2017 :

« Il est trop tôt pour parler de mes filles. Je pourrais en dire du mal, je le fais parfois quand on m’y provoque. Je ne comprends pas tous leurs actes, ni tous les reproches qu’elles me font. Elles peuvent changer, et moi aussi (…) Marine vient de subir une présidentielle et des législatives décevantes. Philippot et les siens l’ont quittée, elle peine à faire sa rentrée. Le prochain congrès du FN s’annonce houleux. Elle est assez punie comme cela pour qu’on ne l’accable pas. Un sentiment me domine quand j’y pense : j’ai pitié d’elle. Je crois à la justice immanente (…) Sa stratégie et son stratège se sont plantés (…). En s’appliquant à me rendre ringard, elle s’est éclaboussée dans la manœuvre par son échec, et sans doute le Front national aussi, ce qui est plus grave. »