Accident de Millas : la conductrice maintient sa version des faits
Accident de Millas : la conductrice maintient sa version des faits
Le Monde.fr avec AFP
La conductrice du car impliquée dans la collision mortelle avec un train en décembre « explique que les barrières étaient levées et que le feu ne fonctionnait pas », selon son avocat.
L’avocat de la conductrice du car scolaire, Jean Codognes, le 21 février. / RAYMOND ROIG / AFP
La « barrière » était « levée », a soutenu la conductrice du car scolaire impliquée dans la collision avec un train en décembre à Millas, dans les Pyrénées-Orientales, a fait savoir son avocat. Auditionnée mercredi 21 février, à Théza près de Perpignan, par les deux juges d’instruction chargés de l’enquête à propos de l’accident qui a fait six morts, la conductrice a maintenu sa version des faits.
« Elle explique que les barrières étaient levées et que le feu ne fonctionnait pas », a déclaré son avocat, Jean Codognès, à l’issue de l’audition qui s’est déroulée devant les juges d’instruction. L’audience a eu lieu dans le centre de convalescence où la conductrice se trouve, et non au tribunal de grande instance de Perpignan, comme prévu.
La conductrice avait été hospitalisée après sa mise en examen en raison de sa « grande détresse » psychologique et de ses blessures physiques, dues à l’accident.
La question des barrières au cœur de l’enquête
Depuis le premier jour, cette mère de famille de 46 ans affirme que les barrières du passage à niveau étaient levées lors de la traversée de la voie par le car scolaire qu’elle conduisait. Elle assure également que le feu rouge du passage à niveau et la sonnerie d’alarme ne fonctionnaient pas.
L’enquête sur les causes du drame, menée par des magistrats du pôle accidents collectifs de Marseille, se focalise justement sur ce point du fonctionnement du passage à niveau.
Selon l’avocate de certaines familles de victimes, Jehanne Collard, un audit interne de la SNCF assure que le passage à niveau fonctionnait bien – « les barrières étaient baissées, le feu rouge et le signal sonore fonctionnaient ».
La version de la conductrice contredit les premières « constatations matérielles » dont a fait état le procureur de Marseille, Xavier Tarabeux, qui vont « plutôt dans le sens d’une barrière fermée », tout comme les témoignages du conducteur du TER et des chauffeurs des véhicules qui se trouvaient de l’autre côté de la voie ferrée.
Des témoignages non concordants
La conductrice, mise en examen pour « homicides et blessures involontaires par imprudence » le 20 décembre, n’avait jusque-là été entendue que succinctement en raison de son état de santé. Selon l’avocat, cette audition de plusieurs heures avec des intermèdes a été « très compliquée » et réalisée « en présence d’un psychiatre ».
« C’est une épreuve de se souvenir du drame, des enfants. Les visages des enfants la hantent. Je ne sais pas si humainement on peut se reconstruire après une telle situation », s’est interrogé Me Codognès.
A propos de l’enquête, l’avocat a affirmé que les témoignages n’étaient « pas concordants » et qu’on aurait une « idée plus précise » de ce qui « s’est passé après le rapport d’expertises ». « Les expertises techniques qui ont été diligentées par les magistrats instructeurs ne sont pas encore rentrées », a-t-il précisé, félicitant les deux magistrats qui « mettent le paquet au niveau technique » pour connaître la vérité et ont nommé « des experts indépendants » de la SNCF.
Le 14 décembre, la collision avec un TER à un passage à niveau à Millas, après la sortie des classes du collège, a fait six morts et plusieurs blessés parmi les 23 collégiens transportés. Cinq d’entre eux, dont la vie est en danger, ont pu quitter les services de réanimation après les fêtes de fin d’année.