Des Centrafricains assis dans les ruines du marché du quartier musulman de Bangui après un violent incendie le 17 janvier. / FLORENT VERGNES / AFP

Le gouvernement centrafricain et la mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) ont déployé samedi 24 février des forces de sécurité pour « ramener la paix » dans le quartier musulman de Bangui, le PK5, où trois personnes ont récemment été tuées et au moins sept blessées dans des affrontements.

La situation sécuritaire dans la capitale centrafricaine, îlot de relative stabilité depuis de nombreux mois dans un pays ravagé par les violences des groupes armés, s’est tendue fin 2017. Devenu zone de retranchement des dernières populations musulmanes de la ville, le PK5 a souvent été au cœur des tensions.

Le ministre de la sécurité, le général Henri Wanzet Linguissara, qui s’est retrouvé pris dans un échange de coups de feu entre deux factions vendredi, a demandé à la population du PK5 « de se tenir debout derrière sa gendarmerie et sa police en appui de la Minusca, pour éradiquer ces bandits qui ne veulent pas la paix, qui veulent toujours que les armes crépitent » dans le quartier.

La Minusca critiquée

Quand la coalition promusulmane de la Séléka a été chassée du pouvoir en 2014 après l’avoir pris de force en 2013, tous les musulmans se sont enfuis de Bangui ou réfugiés au PK5. Pris à parti et attaqués par les milices anti-balaka – prétendant défendre les chrétiens –, les musulmans du PK5 ont alors financé des groupes d’« autodéfense », en grande partie composés d’ex-Séléka, pour protéger le quartier.

Avec le temps, ces groupes ont progressivement laissé place à d’autres bandes, mafieuses et désorganisées. A ceux-ci, les commerçants versent une « taxe » comprise entre 5 000 et 10 000 CFA (entre 10 et 15 euros) par boutique et par mois. Chaque camion de marchandises chargé ou déchargé s’acquittait également d’un impôt variant entre 25 000 et 50 000 CFA (entre 40 et 90 euros).

L’association des commerçants du PK5 (ACK), qui a décidé, le 18 janvier, d’arrêter de payer les groupes armés, a lancé un ultimatum à la Minusca pour qu’elle démantèle ces groupes. Les commerçants du PK5 estiment que la Minusca – qui a déjà renforcé sa présence dans le quartier – n’agit pas assez contre les groupes armés présents.

Cette dernière avertit, dans son dernier rapport :

« La rhétorique incendiaire, la stigmatisation ethnique et les manipulations religieuses ont continué d’enflammer les passions politiques et les médias du pays, créant un climat marqué par un fort risque de conflits interethniques. »

Depuis un an, la République centrafricaine est de nouveau le théâtre d’un regain de violences exercées par des groupes armés. « Issus de l’ex-rébellion Séléka qui avait renversé le pouvoir en avril 2013, ou des groupes d’autodéfense anti-balaka constitués pour les combattre, ces groupes continuent de contrôler une large partie du territoire centrafricain, et de commettre des violations graves des droits humains », s’inquiète la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme.