Edito – Sous le charme du bachelor
Edito - Sous le charme du bachelor
Par Pascal Galinier
Dans le grand jeu des cursus postbac, le bachelor, cursus en trois ans proposé par les grandes écoles, apparaît comme une carte maîtresse pour les bacheliers. Vraie nouveauté ou miroir aux alouettes ? Une question à laquelle « Le Monde » s’est efforcé de répondre dans ce dossier spécial.
Fabio Delvò
Ces mystères nous dépassent… Feignons d’en être les organisateurs ! », disait Jean Cocteau, jamais à court d’un bon mot. « Bachelor », voilà un mot qui aurait sans nul doute inspiré le poète. Un diplôme d’enseignement supérieur qui porte le nom d’une émission de télé-réalité… Mais l’époque n’est plus à la plaisanterie.
Encore inconnu il y a dix ans dans l’Hexagone, ce cursus postbac importé des Etats-Unis et de Grande-Bretagne est en train de prendre toute sa place parmi les diplômes français. Et même un peu trop de place, disent ses détracteurs. Ils ne font pas « mystère » de leur agacement : le jeune bachelor n’a aucun respect pour les grands anciens, les quinquagénaires DUT et BTS, la médiévale licence… Et voilà qu’il se pare des atours – sinon des atouts – d’une alternative aux classes préparatoires aux grandes écoles ! Bac + 3 ou bac + 4… Entre insertion professionnelle directe et poursuite d’études en master, fenêtre ouverte aux quatre vents de l’international, le bachelor semble avoir réponse à tout. Comme le joker du grand jeu de l’après-bac.
Vers un triptyque bachelor-master-doctorat ?
Vraie nouveauté ou miroir aux alouettes ? C’est toute la question. Nous la posons dans ce supplément. La direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle se la pose aussi, qui a lancé en 2014 un chantier sur la faisabilité d’un grade de licence pour les bachelors, sur le modèle du grade de master. Histoire de faire rentrer le trublion dans le rang. Après le triptyque LMD (licence-master-doctorat), « BMD » est au coin du bois… Modèle européen ou inéluctable domination anglo-saxonne, l’avenir le dira.
Une estampille officielle est quoi qu’il en soit indispensable pour poursuivre des études en Chine, aux Etats-Unis ou encore en Suisse, et continuer à faire venir les étudiants étrangers dans notre « doulce France », à l’heure de la mondialisation universitaire – et anglophone.
Les « organisateurs » entendent reprendre la main. En mai, c’est à Paris que se tiendra la prochaine conférence du processus de Bologne. Elle réunira les représentants des 48 Etats – « de l’Atlantique à l’Oural » – signataires de la déclaration de Bologne, qui tente depuis 1999 de créer un « espace européen de l’enseignement supérieur ».
En traversant l’Atlantique (et la Manche), le master puis le bachelor ont poussé l’enseignement supérieur français à larguer les amarres. La route s’annonce longue et semée d’embûches. Bachelor…derrière le possible changement de nom du premier cycle s’esquisse un changement de paradigme. « Dans la vie, on ne regrette que ce qu’on n’a pas fait », disait aussi l’auteur des Enfants terribles et de La Machine infernale…
Découvrez notre dossier spécial sur le bachelor
Le Monde publie, dans son édition datée du jeudi 15 février, un supplément dédié au bachelor, ce cursus de trois années qui séduit les bacheliers pour son enseignement concret, sa proximité avec les entreprises et son incroyable ouverture à l’international. Plus accessible qu’une classe prépa, le bachelor ouvre des perspectives en termes d’insertion professionnelle comme de poursuites d’études. Est-il la prochaine révolution du supérieur ou un miroir aux alouettes ?
Les différents articles du supplément seront progressivement mis en ligne sur Le Monde.fr Campus, dans la rubrique bachelor