Dans le village de Godewaersvelde, dans le nord de la France, la vague de froid venue de Sibérie se fait sentir depuis plusieurs jours. / PHILIPPE HUGUEN / AFP

L’offensive du froid qui a atteint mardi son pic a provoqué un quatrième décès en France, celui d’une personne âgée dans l’Ain alors que les trois-quarts du pays ont été placés en alerte Grand froid. Aux premières heures du jour, le corps d’une nonagénaire, vraisemblablement morte de froid, a été trouvé par un livreur à Belley (Ain) devant le portail de la maison de retraite où elle résidait.

La majeure partie du pays est restée gelée tout au long de la journée avec des températures maximales de -4°C à 0°C en plaine.

Pour les autorités, outre les personnes à la santé fragile, la priorité restait la mise à l’abri des personnes vivant dans la rue. Ainsi à Paris, dans la nuit de lundi à mardi, 169 personnes ont été hébergées dans un centre d’accueil d’urgence ouvert porte de la Villette.

Appel au civisme

La ministre de la santé Agnès Buzyn en a appelé au civisme. « Si je peux demander un service aux Français, c’est d’appeler le 115 (le numéro du Samu social, NDLR) quand ils voient une personne à la rue car elle-même n’a pas forcément (ce) réflexe », a-t-elle dit.

Une cinquantaine d’élus d’Ile-de-France ont décidé de passer la nuit de mercredi à jeudi dans les rues de la capitale pour réclamer symboliquement une meilleure prise en charge des sans-abri, avec un mot d’ordre : « plus personne dehors ». Ils entendent dénoncer un « déni de dignité et de solidarité » et « l’explosion (…) inacceptable » du nombre de sans domicile en France. Fin janvier, le secrétaire d’Etat à la cohésion des territoires Julien Denormandie avait provoqué un tollé en parlant d’une « cinquantaine d’hommes isolés en Ile-de-France » alors qu’ils seraient plusieurs milliers.

Mardi soir, le ministère de la cohésion des territoires a annoncé que le nombre de départements concernés par le Plan Grand Froid passait de 68 à 72 et que 5 647 places supplémentaires pour les sans-abri avaient été créées, dont 1 926 à Paris.

Comme de nombreuses autres villes de France, à Strasbourg, où le mercure affichait -7°C dans la nuit de lundi à mardi et jusqu’à -12°C ressentis, les associations caritatives, Croix-Rouge et Restos du Cœur, assurent des maraudes nocturnes. « La soupe et le café sont un prétexte pour aller à la rencontre des personnes. L’objectif n°1 est d’être un lien social avec ceux qui dorment dehors », explique Gaëlle, 32 ans, bénévole des Restos du cœur.

Neige et verglas dans le sud

Du côté des prévisions, les flocons pourraient prendre le relais. Neuf départements du sud ont été placés en vigilance neige-verglas pour mercredi par Météo-France : Aveyron, Gard, Hérault, Landes, Lozère, Pyrénées-Atlantiques, Tarn, Var et Alpes-Maritimes.

Météo-France prévoit un redoux « brutal » en fin de semaine dans le sud qui devrait se diffuser progressivement sur le reste du pays avant un week-end printanier.

Après des chutes de neige sur Bastia et la Promenade des Anglais à Nice lundi, la baie d’Ajaccio s’est réveillée le lendemain sous un manteau blanc, du jamais vu depuis 1986, selon Météo-France. Conséquence : les vols au départ et à destination d’Ajaccio et de Figari ont été suspendus momentanément.

Sur le front énergétique, les centrales nucléaires restent très sollicitées. Dans la Drôme, EDF a décidé de repousser, en raison de la vague de froid, la visite de maintenance de l’unité de production n°4 de la centrale de Tricastin. « La disponibilité de la centrale du Tricastin, qui contribue à hauteur de 6 % à la production d’électricité d’origine nucléaire française, est indispensable », a dit EDF.

Après un mois de janvier historiquement doux et un début février neigeux, cet épisode de froid est marquant en raison de son caractère tardif. La France n’avait pas connu pareille vague de froid à cette période de l’année depuis 2005.

Le « phénomène Moscou-Paris » comme le désignent les spécialistes, a balayé toute l’Europe, faisant plus d’une vingtaine de morts depuis trois jours.