L’éolienne flottante du projet Floatgen, dans le port de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), en octobre 2017. / LOIC VENANCE / AFP

Alors que la France possède le deuxième gisement d’éolien en mer d’Europe, le pays ne compte aucune éolienne offshore en activité. On en dénombre pourtant près de 4 000 sur le continent, installées dans dix pays. « Toute l’Europe se moque de nous parce qu’on n’a pas été fichus de sortir un parc en dix ans », déclare, amer, un bon connaisseur du secteur.

En 2009, la France se fixait des objectifs ambitieux, espérant installer 6 000 mégawatts d’ici à 2020, ce qui représente ­entre 700 et 1 000 mâts. En 2011, les premiers appels d’offres offshore sont lancés, dont trois sont remportés par EDF, allié à General Electric, et l’un par l’espagnol Iberdrola. En 2013, Engie et Siemens ­remportent un dernier projet au large du Tréport (Seine-Maritime).

A l’époque, les acteurs de la filière affichent leur optimisme. Avec ses 3 500 kilomètres de côtes, la France métropolitaine bénéficie de très bonnes conditions ­géographiques, tout en disposant de nombreux ports et d’un tissu industriel ­travaillant dans des secteurs-clés pour ­l’éolien comme la métallurgie, l’aéronautique et les chantiers navals.

Epreuve de force

Comme c’est le cas pour de très nombreux projets éoliens en France, les recours se multiplient et retardent la mise en œuvre des chantiers. D’autant que le cadre réglementaire n’est pas prêt, et que plusieurs autorisations tardent à venir. En conséquence, l’objectif fixé en 2009 et revu à la baisse depuis, sera très loin d’être atteint. Si le développement de l’éolien est l’une des priorités du gouvernement, aucun parc offshore ne devrait être opérationnel avant la fin du quinquennat, en 2022.

L’enjeu est pourtant de taille. Selon les prévisions de Réseau de transport d’électricité, si la France veut diminuer la part du nucléaire dans sa production d’électricité, elle doit développer entre 1 000 et 2 200 éoliennes d’ici à 2030.

Cela relève de la gageure. D’autant qu’un autre obstacle se dresse sur la route de l’éolien en mer : les appels d’offres de 2011 et 2013 ont été octroyés à un tarif de rachat de l’électricité élevé, qui correspondait au marché éolien de l’époque. Selon nos informations, le gouvernement réfléchit à revenir sur les conditions tarifaires de ces marchés, pour négocier des prix plus conformes à la situation actuelle, beaucoup plus bas.

Une épreuve de force pourrait s’engager entre l’Etat et les industriels, au risque de ­retarder encore la mise en place de parcs ­éoliens au large des côtes françaises.