• Echoes
    Glassworks : Opening, de Glass. Vocalise op. 34 n° 14, de Rachmaninov. Tissue n° 2 pour violoncelle et piano, de Glass. Sonate pour violoncelle et piano op. 19, de Rachmaninov. Tissue n° 7, pour violoncelle et piano, de Glass. The Secret Night, extrait des 6 Romances op. 4 de Rachmaninov. The Hours : The Poet Acts, de Glass.
    Henri Demarquette (violoncelle), Vanessa Benelli Mosell (piano)

Pochette de l’album « Echoes », par Henri Demarquette (violoncelle) et Vanessa Benelli-Mosell (piano). / DECCA/UNIVERSAL MUSIC

Il se dégage de ce disque un charme étrange, comme si la juxtaposition du minimalisme américain de Philip Glass et du romantisme russe de Rachmaninov, deux univers a priori peu compatibles malgré le rattachement au sol états-unien, délivrait une nécessité intrinsèque. Les ondulations hypnotiques du premier des Glassworks sembleront trouver dans la célèbre Vocalise de Rachmaninov, ici transcrite, une suite logique : le chant habillé d’urgence nostalgique de Demarquette semblera s’en exhaler. Même sensation, mais à rebours, avec Tissue n° 2, piétinement têtu du piano préparé que double le bougon grave du violoncelle. Au centre, le morceau de roi qu’est la grande Sonate op. 19, de Rachmaninov, encore empreinte de tournures schumanniennes et brahmsiennes. La beauté inspirée de l’archet de Demarquette, la souplesse de son legato, la clarté de son jeu sont admirables. De même le délié puissant du clavier sensitif de Vanessa Benelli Mosell. L’Italienne, à 24 ans, possède une bien belle maturité. C’est un Glass élégiaque (Tissue n° 7) qui naîtra à nouveau de Rachmaninov, dont The Secret Night (la 3e des 6 Romances op.4), plus incarné, préparera à son tour The Poet Acts, extrait du film The Hours, d’après Virginia Woolf, une saison mouvante entre ciel et terre, histoire de ne pas boucler la boucle. Marie-Aude Roux

1 CD Decca/Universal Music.

  • Célimène Daudet
    Préludes pour piano
    Olivier Messiaen : 8 Préludes. Claude Debussy : Préludes (deuxième livre)
    Célimène Daudet (piano)

Pochette de l’album « Préludes pour piano », de Célimène Daudet. / NOMADMUSIC

De l’ivoire sous les doigts de Célimène Daudet ? Non, du marbre, pour certaines touches – celles des fameux accords de Messiaen –, de la poudre de mica ou de quartz pour d’autres. En somme, un clavier de pierres précieuses pour la confrontation lumineuse de deux ensembles de préludes. D’un côté, un compositeur de vingt ans, Olivier Messiaen (1908-1992), qui prend un plaisir enfantin à patauger dans la mare cosmique (Chant d’extase dans un paysage triste). De l’autre, un créateur au sommet de son art, Claude Debussy (1862-1918), qui joue malicieusement avec les exercices techniques (Les Tierces alternées). Dans chaque cas, une ouverture sur le rêve que Célimène Daudet parvient à restituer avec une double qualité d’énergie et d’abandon. Pierre Gervasoni

1 CD NoMadMusic.

  • Divers artistes
    J Jazz : Deep Modern Jazz From Japan 1969-1984

Pochette de l’album « J Jazz : Deep Modern Jazz From Japan 1969-1984 », par divers artistes. / BBE RECORDS/DIFFER-ANT

Le Japon est, comme de nombreux autres pays, une terre de jazz. Avec, comme ailleurs, quelques vedettes à la réputation internationale, notamment les pianistes Toshiko Akiyoshi, Masabumi Kikuchi et Makoto Ozone, le saxophoniste Sadao Watanabe ou le guitariste Ryo Kawasaki, et surtout nombre de musiciennes et musiciens juste connus localement. Lesquels, en neuf exemples parmi les innombrables productions du pays, sont à découvrir dans la compilation J Jazz : Deep Modern Jazz From Japan 1969-1984. Forcément très parcellaire, elle vaut surtout pour les cinq compositions qui font entendre l’imprégnation de la période pré-free jazz de John Coltrane chez leurs interprètes : Earth Mother du quartette du saxophoniste Koichi Matsukaze, Dead Letter du quartette du pianiste Tohru Aizawa, A Blind Man du quintette du bassiste Shintaro Nakamura, plus ancré dans le hard bop, Kaze du quintette du batteur Takeo Moriyama et Little Island du trio du pianiste Fumio Karashima. Sylvain Siclier

1 CD BBE Records/Differ-ant.

  • The Doors
    Live at the Isle of Wight Festival 1970

Pochette de l’album « Live at The Isle of Wight Festival 1970 », de The Doors. / EAGLE VISION/UNIVERSAL MUSIC

Régulièrement publié en édition pirate, présenté partiellement dans diverses compilations, le concert de The Doors au Festival de l’île de Wight en 1970 est dorénavant disponible dans son intégralité et une publication officielle. Cette édition combine un CD du concert et un DVD, qui, une fois passées quelques images du public dans la grande prairie du site festivalier, montre le groupe dans un éclairage minimum, lors de son passage à 2 heures du matin, le 30 août. Jim Morrison, barbu, yeux clos, est quasi immobile devant son micro. Sa voix est pleine, forte. Le claviériste Ray Manzarek, le guitariste Robby Krieger et le batteur John Densmore sont, en dépit de l’heure tardive, en belle forme. De ce concert, qui dure une heure, on retiendra deux moments les plus aboutis, tendus, une version épique de Light My Fire et la dérive The End au sein de laquelle se glissent plusieurs compositions rares dont Across the Sea et Away in India. Sylvain Siclier

1 CD et 1 DVD (stéréo et Dolby et DTS 5.1) Eagle Vision/Universal Music.