Les firmes automobiles en quête de robots-taxis
Les firmes automobiles en quête de robots-taxis
Par Jean-Michel Normand
Porsche, comme d’autres firmes, s’intéresse aux drones de transport.
Le projet TR-X de Terrafugia, promis pour 2019. / Terrafugia
Selon Automobilwoche, Porsche se serait lancé dans la conception d’un drone-taxi capable de voler en mode autonome et de transporter plusieurs passagers. Les premières ébauches de ce projet seraient pour bientôt, assure le journal allemand spécialisé dans l’automobile, qui assure que l’engin n’aura pas besoin d’embarquer un pilote d’hélicoptère, car ses fonctions seront très largement automatisées. Le constructeur n’a pas commenté cette information. Automobilwoche publie une citation sybilline de Detlev Von Platen, directeur des ventes de Porsche. Celui-ci fait remarquer que se rendre de l’aéroport de Stuttgart à Zuffenhausen, où se trouve le siège du constructeur, lui prend en général « au moins une demi-heure » alors qu’il ne lui faudrait que « trois minutes et demie » pour effectuer le même trajet par la voie des airs.
Cette rumeur n’est, à vrai dire, pas vraiment surprenante tant les constructeurs automobiles multiplient les signes d’intérêt pour les drones-taxis, considérés comme un vecteur prometteur de mobilité urbaine. Il y a tout juste un an, lors du Salon automobile de Genève – dont l’édition 2018 ouvrira ses portes au public jeudi 8 mars – Airbus avait dévoilé son projet PopUp, une navette volante autonome, conçue avec le bureau de style Italdesign, filiale du groupe Volkswagen auquel Porsche appartient.
Vols expérimentaux
De son côté, Daimler (Mercedes, Smart) s’est fortement investi dans le secteur des drones en nouant un partenariat avec l’allemand Volocopter, mais aussi en menant à bien, cet automne à Zurich, une expérimentation de livraison de produits à domicile par drone. Le groupe allemand a également pris une participation au sein du capital de la société américaine Matternet, spécialiste de la distribution de produits par drones dans l’espace urbain. Enfin, le groupe chinois Geely (propriétaire de la marque suédoise Volvo), a racheté en novembre la société Terrafugia, basée à Boston et qui annonce l’envol d’une « voiture volante » en 2019.
Le modèle 2X de Volocopter. / Volocopter
Cette intérêt pour les drones-taxis s’explique aussi par la crainte des constructeurs automobiles d’être pris de vitesse. La firme chinoise Ehang a déjà opéré à Dubaï plusieurs vols expérimentaux (et habités) avec son drone-taxi, alors qu’Uber ne fait pas mystère de ses projets dans ce domaine.
Plus largement, ces tentatives s’inscrivent dans le cadre de la mutation des grandes firmes automobiles qui considèrent que l’avènement de modes de transport individuels à partir d’engins autonomes – qu’ils roulent ou qu’ils volent – leur impose de devenir des prestataires de services. « Il faudra bien sûr préserver le plus longtemps possible nos activités traditionnelles de constructeur automobile, mais on ne peut pas rester enfermé dans un tel schéma. En complément, il est indispensable de développer de nouveaux services qui représenteront une part significative du chiffre d’affaires. Ce sont eux qui, demain, rendront nos voitures plus attractives », expliquait en septembre dans Le Monde Thilo Koslowski, ancien de la Silicon Valley, placé depuis 2016 à la tête de Porsche Digital, une entité chargée de créer une plate-forme numérique.