Documentaire sur Arte à 0 h 30

Mirga Gražinytė-Tyla - Beethoven: Leonore Overture No. 3 in C Major (BBC Proms)
Durée : 01:56

En 2016, Mirga Grazinyte-Tyla, lituanienne de 29 ans, était nommée directrice musicale de l’Orchestre de la ville de Birmingham, rendu fameux par Simon Rattle, qui en fut, plus jeune encore, le patron et fit de cette phalange provinciale une excellente formation.

Le portrait de la jeune musicienne ne dit – ou ne fait dire – mot de la problématique des ­femmes chefs d’orchestre. Longtemps absentes des podiums et des fosses d’opéra, elles sont aujourd’hui nombreuses à diriger des formations de haut niveau ou, plus fréquemment, à en être les invitées.

Une occasion manquée

Mais la chose n’est pas encore normalisée au point que cela ne constitue pas une exception à la règle. Les récentes déclarations parfaitement misogynes de chefs d’orchestre importants ou de Bruno Mantovani, ­directeur du Conservatoire de ­Paris (CNSMDP) en 2013, montrent que rien ne va encore de soi en ce qui concerne  l’accession ­régulière des femmes à la tête des grands ­orchestres.

Aussi eût-on attendu d’un tel ­documentaire que cette problématique soit mise en perspective. Au lieu de quoi on assiste à de longues ­séquences de Mirga Grazinyté-Tyla se ressourçant pieds nus à la campagne ou choisissant longuement avec un percussionniste le type de frappe d’une « cymbale antique ». On se serait bien également passé du trajet en voiture vers l’aéroport, du récit de la grand-mère, etc.

La cheffe d’orchestre Mirga Grazinyte-Tyla. / © ISABELLE CASEZ

Ce qui a été retenu de ses propos est le plus souvent assez insignifiant et n’évite pas les clichés : « La seule chose qui puisse m’arrêter, c’est ma propre force d’imagination. »Même le violoniste Gidon Kremer, qu’on la voit diriger dans le Concerto pour violon de Mieczysław Weinberg, énonce des banalités : « Mirga incarne certaines des valeurs qui me sont proches : elle ne pense pas à elle mais à la musique (…), elle veut partager et non conquérir, c’est ce qui la rend si exceptionnelle. »

Il est fort possible que la directrice musicale de l’Orchestre de la ville de Birmingham n’ait pas voulu aborder le sujet ; il est fort possible aussi que son talent ait partout fait taire les réticences éventuelles des musiciens et des directeurs d’orchestre.

Ce droit à l’indifférence est évidemment respectable. Il n’empêche : c’est, selon nous, une occasion ­manquée de faire le point sur le sujet.

La Cheffe d’orchestre Mirga Grazinyte-Tyla, de Daniela Schmidt-Langels (Allemagne, 2017, 52 min).