Les nouveaux diesels, notamment de Renault, polluent toujours trop
Les nouveaux diesels, notamment de Renault, polluent toujours trop
Par Stéphane Mandard
Une enquête menée par Greenpeace révèle que la moitié des véhicules commercialisés entre avril 2016 et septembre 2017 dépassent les normes d’émissions d’oxydes d’azote.
Un militant de Greenpeace devant le tribunal administratif fédéral à Leipzig en Allemagne, le 27 février. / Jens Meyer / AP
Il n’y a pas que les vieux diesel qui polluent. Deux ans et demi après le « dieselgate », de nombreux véhicules immatriculés récemment continuent à recracher trop de gaz toxiques. Une enquête menée par Greenpeace Royaume-Uni montre que la moitié des nouveaux modèles diesel autorisés à la vente en Europe entre avril 2016 et septembre 2017 ne respectent pas les normes actuelles en matière d’émissions d’oxydes d’azote (NOx). Elle ne manquera pas d’être commentée dans les allées du Salon de Genève qui se tient jusqu’au 18 mars.
L’ONG a compilé les résultats des tests réalisés en conditions réelles de conduite (RDE) par les constructeurs à l’exception de ceux de Volkswagen, à l’origine du scandale des moteurs truqués, qui ne les a pas rendus publics. En tête des véhicules les plus polluants, la Fiat Tipo avec un pic de NOx à 561 mg/km, soit plus de trois fois le seuil réglementaire fixé à 168 mg/km. Vient ensuite la Scenic Energy dCi 95, l’une des meilleures ventes de Renault en 2017, mesurée à 396 mg/km. Avec la Captur Energy et la Koleos Energy (325) ainsi que la Nissan X-Trail (371), Renault-Nissan place quatre modèles dans ce top 10. Le groupe PSA est aussi épinglé, avec sa Citroën C3 Aircross (350) et sa C4 Cactus (335).
« Irresponsabilité des constructeurs »
« Ces résultats catastrophiques démontrent une fois de plus l’irresponsabilité des constructeurs automobiles, estime Sarah Fayolle, de Greenpeace France. Ils ont profité de la période de transition entre deux systèmes de tests pour faire homologuer des dizaines de nouveaux modèles extrêmement polluants. »
Après le « dieselgate », Bruxelles a renforcé les tests d’homologation en introduisant, en avril 2016, des contrôles en conditions réelles de conduite. Mais la limite d’émissions de NOx en RDE n’a été fixée (à 168 mg/km) qu’à partir du 1er septembre 2017. C’est donc en toute légalité que les constructeurs ont commercialisé des véhicules particulièrement polluants pendant cette période de surveillance.
Contacté par Le Monde, Renault assure avoir « toujours mis sur le marché des véhicules qui respectent les normes ». « C’est un peu paradoxal de nous reprocher d’avoir commercialisé des véhicules qui ne respecteraient pas des normes qui n’étaient pas encore complètement définies ni en vigueur », explique l’un de ses porte-parole, précisant que la marque au losange a « mis en place, depuis 2016, un plan d’amélioration des émissions de NOx en conditions réelles de conduite. »
Dans son enquête, Greenpeace relève pourtant que, parmi les 14 « familles » de diesel homologuées entre avril 2016 et septembre 2017, aucune n’était équipée de la fameuse technologie SCR, censée être la plus efficace pour réduire les émissions de NOx. Selon la revue scientifique Nature, en 2015, année du « dieselgate », les excès d’émissions d’oxydes d’azote ont causé environ 38 000 décès prématurés dans le monde.