Témoigner pour faire bouger les lignes
Témoigner pour faire bouger les lignes
Selon six personnalités, c’est avant tout notre regard sur le handicap qui doit changer
Extraits du livret « Emploi & handicap. Inclusion : explorer, aller plus loin », conçu par L’Assocation de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph).
Le mathématicien et député de l’Essonne (La République en marche) Cedric Villani, à Paris, le 2 juin 2017. / JOEL SAGET / AFP
- Cédric Villani, mathématicien lauréat de la médaille Fields (2010) ; député de l’Essonne (LRM) :
« J’ai connu à l’Ecole normale supérieure un géomètre atteint d’un syndrome de Marfan aigu et totalement aveugle. Son métier nécessitait des interfaces en braille, qui lui permettaient, par exemple, de lire ou de répondre à ses mails. Complètement autonome, il est devenu un chercheur mondialement reconnu. (…)
Il est déterminant que les personnes handicapées et les personnes valides partagent ensemble des émotions. J’ai moi-même travaillé bénévolement sur ce sujet en tant que président de l’association Musaïques, fondée par le compositeur Patrice Moullet. Des jeunes en situation de handicap travaillent avec nos instruments qui s’adaptent à toutes sortes de contraintes physiques ou psychiques. Puis nous organisons des concerts devant un public ; c’est la plus belle manière de communiquer des émotions, qui sont toujours le moteur des grands changements. »
- Dominique Lerch, inspecteur d’académie honoraire :
« En Suède, en Norvège, en Islande, mais aussi en Italie, en Espagne ou au Portugal, la quasi-totalité des élèves sont scolarisés en école ordinaire. (…) Une politique européenne visant à uniformiser la réglementation en la matière serait précieuse. »
- Etienne Klein, philosophe des sciences ; directeur de recherche au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives :
« Une expérience du handicap m’a conduit à explorer des voies impensables. J’ai été atteint d’une tumeur dans la gorge à l’âge de 30 ans. J’ai pu être soigné, mais ne suis plus doté que d’une seule corde vocale fonctionnelle, ce qui aurait dû me priver ad vitam de la parole, du moins intelligible. J’ai eu la chance de bénéficier d’un intense programme de rééducation. Paradoxalement, ce travail m’a fait acquérir une meilleure maîtrise de ma voix que celle que j’avais auparavant. »
- Nathalie Boy de la Tour, présidente de la Ligue de football professionnel :
« Les personnes en situation de handicap ont toutes quelque chose à apporter à la société. Plus tôt on sensibilise les jeunes à la tolérance, à l’ouverture d’esprit,plus ils accorderont de valeur à la richesse humaine. (…) Il est important que les clubs accueillent des équipes de joueurs handicapés, qu’ils organisent des rencontres ; 15 % d’entre eux le font déjà. »
- Vincent Ferry,chef d’entreprise, tétraplégique :
« [Après mon accident], il a fallu que je change radicalement ma méthode de management. Je suis passé d’un management très vertical à un mode totalement libéré. Huit ans plus tard, nous avons doublé notre chiffre d’affaires et la société compte désormais quatre-vingts salariés. »
- Gilles Babinet,digital champion de la France auprès de la Commission européenne depuis 2012 :
« Encourager [le marché des services et produits pour handicapés] par des dispositifs fiscaux avantageux, par exemple, serait un grand service à rendre aux personnes handicapées. (…)
On assisterait alors à la formation d’un cercle vertueux, car ces entreprises sont autant de nouvelles opportunités d’emploi pour les personnes handicapées. »
Ce supplément est réalisé dans le cadre d’un partenariat avec l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph).