« Homeland » saison 7, drame médiatique et fractures familiales : notre choix de séries
« Homeland » saison 7, drame médiatique et fractures familiales : notre choix de séries
Par Renaud Machart
Chaque mardi, « La Matinale » propose une sélection de séries à découvrir ou à revoir.
LES CHOIX DE LA MATINALE
« Homeland », au tournant de la réalité politique
Homeland Season 7 (2018) | Official Trailer | Claire Danes & Mandy Patinkin SHOWTIME Series
Durée : 02:27
Homeland avait inévitablement parié sur l’élection d’Hillary Clinton à la présidence des Etats-Unis. Et c’est donc une femme qui, au cours de la saison 6, devint la présidente de la vraie-fausse Amérique dépeinte par la série créée en 2011 par Howard Gordon et Alex Gansa, d’après l’original israélien Hatufim, créée l’année précédente par Gideon Raff.
La saison 7 (confirmée, ainsi que la huitième, peu avant l’élection de Donald Trump) a donc donné un sévère coup de braquet au récit pour coller un tant soit peu à la réalité de l’hallucinant chaos trumpien – tout en évitant de se confronter au personnage de l’actuel président. Il semble que Homeland – contrairement à Baron noir, également diffusé par Canal+ – ait réussi à transformer à son profit ce revirement politique en forme de coup de théâtre et sache décidément comment tenir en haleine ses spectateurs.
Retrouvailles avec Carrie Mathison (Claire Danes) et Saul Berenson (Mandy Patinkin) ; Dar Adal (F. Murray Abraham) et Peter Quinn (Rupert Friend) ont quitté la scène. Le personnage de Brett O’Keefe, présentateur de radio populiste et manipulateur, revient, mais est, hélas, joué de manière caricaturale (et avec un accent américain totalement artificiel) par le britannique Jake Weber. Renaud Machart
Homeland, saison 7, série créée par Howard Gordon, Alex Gansa et Gideon Raff. Avec Claire Danes, Elisabeth Marvel, Mandy Patinkin, Maury Sterling, Jake Weber (EU, 2018, 12 × 50 min). Sur Canal+ Séries à la demande.
« Monstre sacré » : dégringolade d’une star
Une semaine après Sous influence, Arte diffuse à nouveau une production britannique présentée comme une minisérie, alors qu’il s’agit de quatre épisodes qui n’ont pas la dramaturgie ad hoc et pourraient sans dommage être réduits de moitié, le temps d’un téléfilm. De surcroît, la structure des épisodes – avec, dans le dernier, la tenue d’un procès – renforce l’impression de redite de ce que proposait Sous influence.
Le propos ? Paul Finchley, un célèbre humoriste et présentateur de la télévision britannique, se voit accusé par une ancienne fan de l’avoir violée près de trente ans plus tôt. La presse à scandale en fait ses choux gras, et d’autres victimes présumées, dont l’ancienne baby-sitter de la fille de Paul, accusent l’homme à leur tour. On comprend vite – ce que confirmeront des flash-back – que la réalité est complexe, que la personnalité de l’accusé est constituée de couches, comme le dit à son époux Marie Finchley.
La réalisation, habile mais sans relief, ne fait pas de Monstre sacré un événement télévisuel. Le jeu des acteurs, y compris celui de Robbie Coltrane (connu pour son rôle récurrent dans les films Harry Potter) en Paul Finchley, semble rester à la surface du mystère. La décision de montrer l’ambivalence des situations, au lieu d’enrichir le propos, semble l’appauvrir. R.Ma.
Monstre sacré (National Treasure), minisérie créée par Jack Thorne. Avec Robbie Coltrane, Julie Walters, Tim McInnerny, Andrea Riseborough, Babou Ceesay (Royaume-Uni, 2016, 4 x 48 min). Sur Arte, jeudi 15 mars à 20 h 55.
« Here and Now », drame familiale dans l’Amérique de Trump
Here And Now Official Trailer (2018) | HBO
Durée : 01:52
Le pilote de Here and Now, créée par Alan Ball (Six Feet Under, True Blood), laissait à son issue le téléspectateur dans une curieuse expectative. Mais, au bout de six épisodes, la série précise ses contours et ses axes. Au premier abord, on se trouve plongé dans une sphère familiale qui doit autant à Brothers and Sisters (2006-2011), créée par Jon Robin Baitz, qu’à This is Us, créée en 2016 par Dan Fogelman : cercle moins uni qu’il paraît, fractures psychologiques plus ou moins sérieuses, enfants adoptés et biologiques, multiculturalisme parfois conflictuel.
Se dessine ensuite un second axe qui prend des allures surnaturelles à travers les crises hallucinatoires que subit Ramon (Daniel Zovatto), le plus jeune des trois enfants adoptés par le couple formé par Audrey Bayer (Holly Hunter) et Greg Boatwright (Tim Robbins). Les hallucinations de Ramon semblent d’ailleurs être étrangement liées au passé et aux expériences de son psychothérapeute (Peter Macdissi).
Au mitan des dix épisodes que compte Here and Now, diffusés chaque semaine en US +24, il est encore difficile de savoir où nous mène Alan Ball. Mais cette incertitude a pour vertu de faire attendre avec impatience l’épisode qui suit. Ce n’est pas tant la destination que le trajet qui en l’occurrence importe. R.Ma.
Here and Now, série créée par Alan Ball. avec Holly Hunter, Tim Robbins, Daniel Zovatto, Peter Macdissi (EU, 2018, 10 x 55 min). Sur OCS à la demande.