On a testé… le Samsung Galaxy S9, l’héritier timide
On a testé… le Samsung Galaxy S9, l’héritier timide
Par Nicolas Six
La nouvelle génération de Galaxy S, modèle vedette de Samsung, mise sur des innovations discrètes. Faut-il patienter jusqu’à la génération suivante ?
Le traditionnel rafraîchissement annuel du Galaxy S, l’ennemi historique de l’iPhone, déçoit cette année : son dessin n’évolue pas, les améliorations se concentrent sur la qualité photo et le déverrouillage sécurisé. Disponible vendredi 16 mars, ses avancées suffisent-elles à justifier le renchérissement du Galaxy S de 810 à 860 euros ? Le S9 est-il un bon investissement alors que le S8 est vendu 700 euros sur Internet et que son prix va poursuivre sa dégringolade ?
Photographie en progrès
La nuit, sous l’éclairage public, les clichés du S9 sont meilleurs que l’ancien modèle : un peu plus clairs et colorés. Les parties les plus lumineuses de l’image ne sont presque plus jamais « brûlées ». La dernière génération d’iPhone est distanciée par ses images plus propres. En outre, le Samsung a moins tendance à capturer des visages flous : son objectif reste ouvert deux fois moins longtemps que celui des iPhone, la tête a donc moins le temps de bouger.
Les images du S9 sont plus vives, plus détaillées que celles de l’iPhone X. La différence n’est toutefois flagrante que lorsqu’on l’affiche en plein écran sur un ordinateur. / Nicolas Six pour le Monde
De jour, l’amélioration est beaucoup plus discrète. Le S8 avait tendance à produire des images trop sombres, celles du S9 sont notablement plus claires, mais elles tombent parfois dans l’excès inverse. En cherchant la clarté, le Galaxy S9 tend à délaver les contrastes.
Le Galaxy S9 restitue parfois les ciels sans contraste et sans relief. / Nicolas Six pour le Monde
Les clichés du S9 sont, à la lumière du jour, globalement proches des ceux des iPhone de dernière génération. Les distinguer est affaire de subjectivité. Les images de l’iPhone tendent vers le naturel, celles du Samsung sont plus vives. En zoomant, on remarque que leur netteté est supérieure.
En plein jour, l’objectif se referme partiellement, ce qui améliore la netteté des clichés. / Nicolas Six pour le Monde
Ce léger regain de précision est à mettre au crédit de l’objectif innovant du S9, une optique capable de se dilater, un peu comme l’œil humain. Mais contrairement aux appareils photo classiques, cette optique n’offre que deux largeurs de dilatation. Cela contribue à l’amélioration des photos du Galaxy S. De jour, la position resserrée augmente la netteté des images, de nuit, la position ouverte laisse entrer plus de lumière vers le capteur photo.
A droite : l’objectif totalement ouvert (F1,5). A gauche, la seconde position, légèrement refermée (F2,4) / Nicolas Six pour le Monde
Lecteur d’empreintes mieux placé
C’est la principale doléances des utilisateurs du Galaxy S8 : son déverrouillage est pénible. Son lecteur d’empreintes digitales est fort mal situé, collé à l’appareil photo, juste à sa gauche. Le lecteur d’empreintes du S9 est nettement mieux placé, bien en dessous de l’appareil photo. On l’atteint plus facilement, mais moins rapidement que celui du vieux Galaxy S7, dont le lecteur est logé au bas de l’écran.
Le coupable est l’écran géant du S9 qui a chassé leur capteur d’empreintes au dos du mobile. Vivo, un constructeur chinois, est parvenu à résoudre ce problème en intégrant le lecteur d’empreintes sous l’écran, dans une couche invisible. Dommage que Samsung n’ait pas intégré cette technologie à son smartphone vedette.
Reconnaissance de visage améliorée
Samsung offre une seconde méthode de déverrouillage, qui rappelle la reconnaissance faciale de l’iPhone X. Sa technologie est toutefois différente : elle ne repose pas sur un capteur 3D, mais sur un simple capteur 2D combiné à un scanner de rétine. Ce système est-il fiable et sûr ? Prises isolément, ces deux technologies peuvent être trompées plus ou moins facilement. Mais lorsqu’elles fonctionnent ensemble, comme sur le S9, il est difficile de se prononcer.
Samsung ne détaille pas clairement le fonctionnement de cet « Intelligent Scan ». En plein jour, Samsung indique que la reconnaissance faciale est privilégiée, tandis que la nuit, le scanner rétinien prend le relais. Nous n’avons pas réussi à tromper la vigilance de l’Intelligent Scan, mais étant donné du flou technologique qui l’entoure, il faudra attendre quelques mois, et quelques tentatives complémentaires, pour en avoir le cœur net.
D’un point de vue pratique, l’Intelligent Scan s’avère moins agréable à utiliser que la reconnaissance faciale du OnePlus 5T ou de l’iPhone X : le réveil du smartphone est plus lent, les échecs sont plus nombreux, notamment en plein soleil ou dans le noir complet. Cela agacera les utilisateurs les plus pressés.
D’autres petites évolutions…
Côté négatif, la batterie du Samsung Galaxy S9 est légèrement moins endurante que celle du S8. Côté positif, ses haut-parleurs sont plus puissants et troquent le mono pour la stéréo, qui produit un timide relief sonore. Côté vidéo, les ralentis progressent, ils passent de 240 à près de 1 000 images par seconde. Les tempéraments curieux et créatifs seront séduits par ces instantanés vidéo.
Cette fonction est hélas difficile à maîtriser. Le S9 ne filme que 0,2 seconde de ralenti d’affilée (6 secondes à la lecture) : difficile de déclencher l’enregistrement au bon moment. On peut demander au S9 de détecter automatiquement le bon moment et de lancer l’enregistrement. Mais la plupart du temps, il filme un ralenti sans intérêt.
Par ailleurs, Samsung communique énormément sur les « AR Emoji », des émoticones animées qui s’inspirent de celles de l’iPhone X. Ces visages d’animaux — ou de personnages de dessin animé — profitent de la caméra à selfie du Galaxy S9 pour imiter les émotions faciales de l’utilisateur. Le résultat est incomparablement moins précis, fiable, et esthétique que celui de l’iPhone. Voilà encore un gadget dont Samsung à le secret qui sera vite oublié.
Enfin, les composants électroniques du S9 sont notablement plus rapides. Reste qu’en pratique, cela ne se ressent pas. Il faudra attendre quelques années pour que la différence devienne palpable au quotidien, suite à l’arrivée d’applications plus gourmandes.
Le Galaxy S9 de face et de dos. / Nicolas Six pour le Monde
… et surtout beaucoup de permanences
Le S8 est un excellent smartphone, le S9 en reprend les principales qualités : esthétique raffinée, matériaux luxueux, écran proche de la perfection. La concurrence n’a pas encore réussi à imiter son écran incurvé qui lui fait gagner quelques millimètres de large, et qui le rend plus confortable en main.
La tranche du Galaxy S9 est particulièrement fine et arrondie. Ce la lui confère à la fois un atout ergonomique et un défaut de robustesse. / Nicolas Six pour le Monde
En outre, les applications proposées par Samsung — messagerie et baladeur notamment — sont plus simples que celles de Google. En revanche, le S9 demeure particulièrement fragile et coûteux à réparer. Et sa batterie est très difficile à remplacer soi-même.
Pour conclure
Les deux principales promesses de Samsung sont tenues, mais sans panache : les photographies du S9 sont un peu meilleures de nuit et son déverrouillage est moins pénible. Mais le nouveau Galaxy S peine à relever le défi technologique imposé par l’iPhone X, dont la reconnaissance faciale est supérieure. Rien ne justifie son augmentation tarifaire.
De façon générale, le S9 piétine sur le plan technologique. Il demeure le plus en pointe des smartphone Android premium, mais jusqu’à quand ? C’est un bijou très fragile contrairement au G6 de LG, un mobile plus robuste, aux qualités proches, dont le tarif a chuté aux environs de 400 euros.
Le Galaxy S9 est plutôt pour vous si :
- L’argent n’est pas un problème
- Vous aimez photographier la nuit
- Votre smartphone doit être un modèle d’élégance
Le Galaxy S9 n’est pas pour vous si :
- Durabilité et solidité sont importants pour vous
- Vous recherchez un mobile au rapport qualité-prix excellent