Syrie : l’étau se resserre sur la ville d’Afrin, encore tenue par les Kurdes
Syrie : l’étau se resserre sur la ville d’Afrin, encore tenue par les Kurdes
Le Monde.fr avec AFP
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a dit espérer l’encerclement total de cette localité d’ici à mercredi soir.
L’étau se resserre sur la ville syrienne d’Afrin. Recep Tayyip Erdogan espère que ce bastion kurde syrien sera « totalement encerclé » mercredi 14 mars au soir, a annoncé une source présidentielle, précisant des propos du président turc. Mardi, l’armée turque a annoncé avoir encerclé la ville, tenue par les Unités de protection du peuple (YPG, branche armée du Parti de l’union démocratique, kurde).
Birusk Hasakeh, un porte-parole de l’organisation kurde présent dans la ville, a toutefois assuré que celle-ci n’était pas entièrement assiégée. Il a déclaré que le dernier accès permettant d’en sortir était la cible de violents bombardements.
Une offensive lancée en janvier
La Turquie a lancé le 20 janvier avec des rebelles supplétifs syriens une vaste offensive dans l’enclave d’Afrin, dans le nord-ouest de la Syrie, pour en chasser les Unités de protection du peuple (YPG).
Fer de lance de la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie, partenaires de la coalition internationale emmenée par Washington, vainqueurs des djihadistes à Rakka, les YPG défendent Afrin sans appui extérieur. L’enclave se trouve en effet en dehors de la zone placée sous protection de la coalition qu’ils contrôlent avec leurs alliés locaux dans le nord-est du pays.
Alliées des Occidentaux, les YPG sont considérées par la Turquie comme une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) avec lequel l’Etat turc est en guerre sur son propre territoire. Ankara perçoit comme une menace existentielle la formation d’une entité sous le contrôle des forces kurdes à sa frontière méridionale.
Deux mois de combats et des centaines de morts
Mercredi, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a rapporté que dix combattants pro-régime avaient été tués par des frappes aériennes turques visant un point de contrôle qui se trouve sur l’unique route reliant la ville au territoire adjacent qui se trouve sous contrôle du régime de Bachar Al-Assad. « Les routes utilisées à l’est par les terroristes [c’est ainsi que le président turc désigne les combattants kurdes] pour entrer et sortir de la région seront fermées aujourd’hui ou demain, si Dieu le veut », a aussi déclaré mercredi M. Erdogan.
Le chef de l’Etat turc a par ailleurs réitéré qu’après Afrin, la Turquie « nettoierait » les autres villes tenues par les YPG dans le nord de la Syrie, dont Manbij, où sont également postés des soldats américains.
L’OSDH estime à près de 200 le nombre de civils tués depuis le 20 janvier. Les ONG Amnesty International et Human Rights Watch ont aussi documenté plusieurs cas de morts civiles et soulignent un usage disproportionné de la force par l’armée turque.