Anna Cervinka ajoute une pincée de magie à son jeu
Anna Cervinka ajoute une pincée de magie à son jeu
M le magazine du Monde
Après être entrée à la Comédie-Française en 2014, la comédienne belge a reçu le Molière de la révélation féminine. A partir du 21 mars, elle interprète Marguerite dans un « Faust » qui se distingue par ses tours d’illusion.
Anna Cervinka dans la pièce « Vania ». | SIMON GOSSELIN, COLLECTION COMÉDIE-FRANÇAISE
Anna Cervinka a les yeux qui pétillent. La comédienne belge de 37 ans est à l’affiche de Faust au Vieux-Colombier, où elle joue l’innocente Marguerite adorée par le héros. La mise en scène est signée Valentine Losseau et Raphaël Navarro, initiateurs (avec Clément Debailleul) du courant de la magie nouvelle qui dépoussière les tours de passe-passe et autres lapins sortant du chapeau. Un mouvement très en vogue dans les programmations des scènes nationales et qui débarque désormais à la Comédie-Française.
Comme ses camarades de la Troupe dont elle est pensionnaire depuis 2014, Anna Cervinka découvre donc les trouvailles merveilleuses des deux metteurs en scène : jeux de disparitions, lévitation, etc. Mais, comme toujours, ce qui intéresse la comédienne ce sont les rencontres « et ce qui en découle ».
Rencontres avec les metteurs en scène, avec ses partenaires et avec le personnage, « cette petite facette de soi-même ». « Chaque personnage est comme un être de papier auquel il faut donner un cœur et le gonfler de ses chagrins, de ses joies. Au lieu d’être dans l’illustration, je préfère voir l’acteur comme un être qui insuffle de la vie et de la vérité afin que le spectateur n’ait pas seulement à voir, mais à vivre aussi. »
Née dans un milieu artistique (père architecte et mère styliste), Anna Cervinka a toujours eu envie de jouer. Après le Conservatoire royal de Bruxelles, dont elle sort diplômée en 2008, elle effectue un stage d’un mois à Demain le Printemps, l’école de théâtre francophone à Minsk, en Biélorussie, qui l’a beaucoup marqué : « Apprendre à donner de l’imaginaire à un corps, et que la parole suive ».
L’angoisse de l’improvisation
Elle interprète les écrits de Robert Walser, avec son professeur Pascal Crochet, puis rencontre le Bulgare Galin Stoev, qui la fait jouer dans Danse Delhi et Liliom, où elle est repérée par Muriel Mayette, alors administratrice de la Comédie-Française. Ses rôles dans Les Enfants du silence et surtout dans Vania lui ont valu le Molière de la révélation féminine en 2017.
Elle cite ceux avec qui elle a travaillé, comme Julie Deliquet : « Elle laisse venir la vie sur le plateau et laisse beaucoup de place à l’improvisation, ce qui est angoissant et vertigineux mais nous soude de manière extraordinaire. » Et ajoute, au sujet de sa carrière : « Le théâtre, c’est faire croire, donc on doit y croire soi-même, mais on doit le vivre ensemble. » Avec aussi la conviction qu’il faut « juste être là, voir ce qui vient et ce que l’autre propose ou renvoie car c’est alors que les choses naissent et nous étonnent nous-mêmes », confie celle qui risque d’émerveiller longtemps.
« Faust », de Goethe, mise en scène de Valentine Losseau et Raphaël Navarro. Du 21 mars au 6 mai. Théâtre du Vieux-Colombier, Paris 6e.