Aux Pays-Bas, les municipales confirment l’effondrement de la gauche socialiste
Aux Pays-Bas, les municipales confirment l’effondrement de la gauche socialiste
Par Jean-Pierre Stroobants (Bruxelles, Correspondant)
Les écologistes et les partis d’implantation locale progressent dans tout le royaume, tandis que l’extrême droite stagne malgré l’obtention de quelques sièges.
Jesse Klaver, dirigeant de la formation écologiste GroenLinks, le 21 mars à Amsterdam. / BAS CZERWINSKI / AFP
Appelés à renouveler leurs conseils municipaux, mercredi 21 mars, les électeurs néerlandais ont fait deux vainqueurs : la gauche écologiste et les partis d’implantation locale, qui progressent dans tout le royaume. Le Parti du travail (PvdA, social-démocrate) recule encore après ses lourdes défaites aux municipales de 2014 et aux législatives de 2017. Il est sanctionné dans toutes les grandes villes, où le Parti socialiste (SP, gauche radicale) perd, lui, de 30 % à 50 % de ses électeurs.
C’est le parti GroenLinks, du jeune leader Jesse Klaver, qui récupère apparemment une grande part des électeurs de gauche. La formation écologiste est la première à Amsterdam et Utrecht, et y devance désormais D66 (Democraten 66), le parti réformateur et proeuropéen qui s’est allié au premier ministre libéral, Mark Rutte, pour former un gouvernement. Les électeurs l’ont davantage sanctionné que ses alliés au sein de la coalition. L’un des partenaires de D66 au gouvernement, l’Appel chrétien-démocrate (CDA, droite), est même devenu le plus grand parti du pays.
Emiettement du paysage politique
Une performance qui doit toutefois être nuancée, car c’est l’émiettement du paysage politique qui frappe. A La Haye, c’est le Groupe De Mos, une liste locale emmenée par un dissident du Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders qui arrive en tête. A Rotterdam, les populistes de Leefbaar Rotterdam conservent la première place, mais perdent des plumes tandis que Nida, un parti qui défend les « valeurs musulmanes », dépasse les 5 %. On note aussi, dans la ville portuaire comme dans la capitale et à Utrecht, l’apparition d’élus de Denk, une formation créée par des sociaux-démocrates dissidents et apparemment financé par le régime turc. Dans les villes moyennes, ce sont les listes locales qui enregistrent souvent les plus fortes progressions.
Le PVV de Geert Wilders, cantonné jusqu’ici à La Haye et Almere, obtient, lui, quelques sièges à Rotterdam, Utrecht ou Enschede, sans toutefois renouveler ses performances antérieures. Le Forum pour la démocratie, du juriste Thierry Baudet, qui le concurrence désormais sur les thèmes de l’identité et de l’europhobie, conquiert ses deux premiers sièges à Amsterdam, avec quelque 5 % des suffrages.