Après les JO d’hiver, il y a eu une multiplication des participations d’équipes intercoréennes dans des événements internationaux. / NATACHA PISARENKO / AP

Politiquement réussis, économiquement discutables, les débats autour des Jeux olympiques d’hiver de Pyeongchang ne sont pas clos. Voilà près d’un an que les projecteurs se sont détournés des vallons de la région du nord-est de la Corée du Sud ayant accueilli les compétitions, en février. Pour fêter cet anniversaire, un tournoi de hockey sur glace aura lieu du 6 au 8 février 2019 à la patinoire de Gangneung, où s’est déroulé le tournoi olympique remporté par les Américains chez les hommes et les Russes chez les femmes.

Quatre équipes, la Corée du Sud, la Lettonie, le Kazakhstan et le Japon s’affronteront pour une « coupe de l’héritage » voulant raviver l’enthousiasme des JO, dont le souvenir reste éminemment politique.

En témoigne l’image forte qui y reste associée, celle de la tribune d’honneur le jour de la cérémonie d’ouverture du 9 février. Malgré le froid polaire, le président sud-coréen, Moon Jae-in, apparaissait, souriant, au côté de Kim Yo-jong, sœur et émissaire de confiance du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un.

Multiplication d’équipes intercoréennes

Le moment était historique. Moins de deux mois auparavant, la péninsule semblait au bord de la guerre après une année 2017 marquée par de multiples essais de missiles et un test nucléaire par Pyongyang.

Le coup de théâtre était survenu le 1er janvier. Dans son discours du Nouvel An, Kim Jong-un a offert de renouer le dialogue, appelant au succès des JO et se disant disposé à « prendre les mesures nécessaires, y compris à envoyer notre délégation ». M. Moon, qui a toujours milité pour la négociation, a immédiatement saisi l’offre de dialogue.

La machine diplomatique s’est activée et s’est traduite par l’envoi d’une délégation nord-coréenne de haut niveau à Pyeongchang et la participation d’athlètes du Nord aux compétitions.

Ces premiers échanges ont amorcé une véritable dynamique, traduite par la suite dans le domaine sportif par la multiplication des participations d’équipes intercoréennes dans des événements internationaux, en tennis de table notamment.

Il y aura une équipe mixte aux championnats du monde de handball de janvier 2019 en Allemagne et au Danemark. Les deux Corées veulent présenter une candidature commune pour l’organisation des Jeux olympiques d’été de 2032.

Ajoutés au bon déroulement des compétitions, ces développements ont contribué au choix du Comité international olympique (CIO) d’attribuer l’or de l’ordre olympique, la plus haute distinction de l’olympisme, à Moon Jae-in.

Sur l’aspect financier des Jeux, le président du comité d’organisation, Lee Hee-beom, a annoncé le 10 octobre un bénéfice de 48,3 millions d’euros pour un événement ayant coûté 10,5 milliards d’euros. « Nous avons pu réaliser des Jeux olympiques économiquement viables en réduisant les coûts et en optimisant l’efficacité », s’est réjoui M. Lee.

Soutien financier refusé par Séoul

Ce satisfecit vaut pour l’organisation des Jeux stricto sensu mais omet des difficultés persistantes pour les localités impliquées. Pyeongchang et Gangneung se sont endettées à auteur de 800 000 euros chacune. La province du Gangwon, où se trouvent les deux bourgades, ne sait que faire des installations dont elle a hérité et qui coûtent cher.

Relativement pauvre, la province de 1,5 million d’habitants doit débourser 15,8 millions d’euros jusqu’en 2022 pour la simple maintenance de la patinoire de vitesse, le centre de hockey sur glace et le centre de ski d’Alpensia. Pour la suite, rien n’est décidé.

Le gouverneur, Choi Moon-soon, a sollicité une aide gouvernementale pour couvrir 75 % de ces coûts. « La plupart des installations olympiques ont été démolies ou prennent la poussière. Les habitants ne sont pas contents. Nous avons besoin d’un soutien financier urgent du gouvernement. » Séoul a refusé pour ne pas créer un précédent dans l’usage des fonds publics.

De même, des sociétés chargées des travaux ont peiné pour obtenir le règlement de quelque 6,2 millions d’euros qui leur étaient dus.

Demeure enfin l’épineuse question de la forêt du mont Gariwang. Une partie de cette forêt d’arbres parfois millénaires, considérée comme sacrée, car déclarée « zone royale interdite » pendant l’ère Joseon (1392-1905), a été détruite pour construire la piste de ski alpin de Jeongseon.

L’une des conditions à l’aide du gouvernement était la restitution le 1er janvier 2019 des terres à l’Agence des forêts, qui en avait la gestion et qui, avec l’appui des organisations de protection de l’environnement, veut restaurer le site. Les installations devraient dès lors être détruites mais, aujourd’hui, les habitants veulent en conserver une partie à des fins touristiques. Organisée le 21 décembre à Séoul, une réunion des instances gouvernementales n’a pas résolu le problème.