Le « Times » dénonce l’expulsion de sa correspondante en Egypte
Le « Times » dénonce l’expulsion de sa correspondante en Egypte
Le Monde.fr avec AFP
Le journal britannique dénonce une « tentative d’intimidation » en « ligne avec l’environnement oppressant créé par le président Sissi contre la presse ».
Les Egyptiens votent à partir de lundi pour élire leur président dans un scrutin sans surprise qui devrait donner à Abdel Fattah Al-Sissi un deuxième mandat. / Nariman El-Mofty / AP
Elle vivait dans le pays depuis sept ans. Le journal britannique The Times a annoncé, samedi 24 mars, l’expulsion de sa correspondante en Egypte, Bel Trew. La journaliste « a été arrêtée il y a trois semaines après avoir interviewé un parent d’un homme décédé sur un bateau de migrants à destination de l’Europe », explique le quotidien. Elle a été ensuite détenue « sans explication », puis « conduite à l’aéroport par la police et obligée de prendre un vol pour Londres », ajoute le Times.
« Le Times déplore cette tentative d’intimidation et de suppression de notre couverture », a déclaré une porte-parole du journal. « C’est malheureusement en ligne avec l’environnement oppressant créé par le président [Abdel Fattah] Al-Sissi contre la presse ».
Menacée d’un procès militaire
Revenant sur son expulsion dans les pages du journal, Bel Trew affirme que son matériel lui a été confisqué, qu’elle a été détenue sans charges et menacée d’un « procès militaire, une procédure souvent utilisée contre les suspects de terrorisme ou les dissidents ».
« En ce qui concerne les autorités du Caire, je suis sur une liste de “personnes indésirables”, et si je tente de revenir, je serai à nouveau arrêtée. »
I've lived in #Egypt for 7 years, it's my beloved home and I'm not sure when I can return. I was arrested after doi… https://t.co/yXdjErq3h8
— Beltrew (@Bel Trew)
L’affaire est remontée jusqu’au ministre britannique des affaires étrangères, Boris Johnson, qui s’en est entretenu avec son homologue égyptien, Sameh Choukri, selon un porte-parole de l’ambassade britannique en Egypte cité par le Times. « Les autorités égyptiennes n’ont fourni aucune preuve d’actes répréhensibles. Nous continuerons à faire pression sur elles à ce sujet », ajoute-t-il.
Les autorités égyptiennes n’étaient pas joignables dans l’immédiat pour réagir à l’expulsion qui intervient dans un contexte de défiance accrue contre les médias étrangers, régulièrement accusés de diffuser de « fausses informations » sur l’Egypte et de ne pas respecter les règles déontologiques.
Les Egyptiens votent à partir de lundi pour élire leur président dans un scrutin sans surprise qui devrait donner à Abdel Fattah Al-Sissi un deuxième mandat.