Montpellier : le doyen de la faculté de droit démissionne après la violente évacuation d’étudiants
Montpellier : le doyen de la faculté de droit démissionne après la violente évacuation d’étudiants
Par Eric Nunès, Camille Stromboni
Philippe Pétel a démissionné vendredi soir, a annoncé au « Monde » le président de l’université, Philippe Augé. M. Pétel avait été mis en cause après que des hommes cagoulés ont violemment expulsé des étudiants qui occupaient la faculté.
Il avait été directement mis en cause par des étudiants après que des hommes cagoulés ont violemment expulsé, dans la nuit de jeudi à vendredi, des étudiants qui occupaient un amphithéâtre de la faculté de droit de Montpellier.
Le doyen de cette faculté, Philippe Pétel, a démissionné, vendredi 23 mars au soir, a annoncé dans un communiqué, le président de l’université, Philippe Augé, confirmant une information donnée au Monde. M. Augé a nommé un administrateur provisoire à compter de samedi.
Le professeur de gestion et vice-président du conseil d’administration, Bruno Fabre, sera en charge d’assurer le bon fonctionnement de la faculté, jusqu’à l’élection d’un nouveau doyen. « La démission du doyen est un premier élément qui doit contribuer à l’apaisement sur le site », espère Philippe Augé.
La faculté, fermée à la suite des événements, doit rouvrir en début de semaine, « quand les conditions de sécurité seront réunies », indique le président, qui ira, avec l’administrateur provisoire, à la rencontre des personnels et des étudiants à la réouverture du site.
Retour sur les faits
L’occupation de l’amphithéâtre par des étudiants, jeudi 22 mars, avait été décidée lors d’une assemblée générale qui avait réuni des participants de la manifestation opposés à la loi modifiant les règles d’accès à l’université, dont la nouvelle plate-forme Parcoursup. Ils avaient alors voté la tenue d’une nouvelle AG, vendredi 23 mars à 8 heures, et choisi d’occuper les locaux dans l’intervalle pour s’assurer d’y avoir toujours accès.
Alors qu’une cinquantaine d’étudiants étaient « tranquillement en train de manger » jeudi soir, un groupe « d’une dizaine d’individus, cagoulés et armés de bâtons et de morceaux de palettes de bois brisés se sont introduits dans l’amphithéâtre par les portes annexes, alors que les agents de sécurité de l’université gardaient les portes principales », d’après les témoignages recueillis par Le Monde. « Ils nous ont bousculés, frappés, relate, Axel Pessemier, étudiant en troisième année de licence de l’université Montpellier-III-Paul-Valéry, qui faisait partie des occupants. Certains d’entre nous sont tombés à terre, ils ont encore été frappés. »
Alors que l’amphithéâtre était calme et sous le contrôle de la sécurité de l’université, « le groupe d’agresseurs est entré sans difficulté », affirme Thomas Levy, qui fait partie du personnel administratif de l’université Paul-Valéry et qui participe à la mobilisation. L’une des vidéos prises durant l’agression montre, en effet, des personnels de sécurité présents dans le haut de la salle alors que les agresseurs évacuent violemment les occupants en partant du bas ou des côtés de l’amphithéâtre.
Selon plusieurs témoignages, les grilles de la faculté ont été refermées dès l’expulsion des manifestants. Les occupants expulsés, les gardiens comme les agresseurs sont restés ensemble à l’intérieur de l’établissement.
Certains étudiants présents ont alors accusé le doyen de la faculté de droit de Montpellier, Philippe Pétel, d’avoir laissé faire cette évacuation musclée. Ce dont il s’est défendu avec vigueur, assurant auprès de CheckNews, le site de fact checking de Libération qu’il n’était pas « à l’initiative de la venue de ces hommes en noir » et que « parmi les personnes cagoulées, oui, c’est possible qu’il y ait eu un prof de droit ».
Egalement interrogé par France 3, Philippe Pétel a affirmé qu’il n’avait fait « entrer personne » et évoque « une cinquantaine d’étudiants qui étaient là et qui ont voulu se défendre », avant d’ajouter que les étudiants en droit présents étaient « tous contre l’occupation ». Quant à la tenue des « défenseurs », « si certains étaient cagoulés, je n’en sais rien. Des cagoulés, j’en ai vu de temps en temps, mais ils étaient dans le clan des occupants. Je suis assez fier de mes étudiants. Je les approuve totalement », a ainsi déclaré le doyen. Plusieurs jeunes ont été blessés et hospitalisés.
Une enquête ouverte
Le parquet de Montpellier « a ouvert une enquête pour des faits de violences en réunion et avec arme », a annoncé vendredi le procureur de la République de Montpellier Christophe Barret, précisant que cette enquête « visait également l’intrusion ».
Le président de l’université de Montpellier, M. Augé, a quant à lui annoncé qu’il avait porté plainte contre X « afin que la lumière soit faite sur ces événements ». La ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a, pour sa part,« condamné avec la plus grande fermeté ces actes de violence ». Elle rappelle que « l’université est et doit rester le lieu du dialogue et du débat » et indique avoir missionné sur place l’inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche (IGAENR), afin qu’elle débute une enquête.
Des étudiants grévistes agressés par des hommes encagoulés, à Montpellier
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