Au Zimbabwe, Grace Mugabe soupçonnée de trafic d’ivoire
Au Zimbabwe, Grace Mugabe soupçonnée de trafic d’ivoire
Le Monde.fr avec AFP
L’ex-première dame aurait exporté illégalement des défenses d’éléphants en Chine, aux Emirats arabes unis et aux Etats-Unis.
La police zimbabwéenne a confirmé, dimanche 25 mars, une enquête sur l’ancienne et très controversée première dame du pays, Grace Mugabe, soupçonnée d’avoir empoché des millions de dollars en exportant illégalement de l’ivoire de contrebande. « Un rapport a été fait et la police a une enquête, c’est tout ce que je peux dire pour l’instant », a déclaré à l’AFP une porte-parole de la police, Charity Charamba.
Le journal gouvernemental The Sunday Mail affirme que les services de protection de la nature et de la faune ont établi que Mme Mugabe avait « fait sortir de grandes quantités d’ivoire vers la Chine, les Emirats arabes unis et les Etats-Unis ». Selon leur rapport cité par le Sunday Mail, elle aurait couvert son trafic en ordonnant à l’administration d’émettre des permis d’exportation de défenses d’éléphants pour des « cadeaux » à des dirigeants étrangers. « Une fois hors du pays, ces “cadeaux” étaient intégrés à d’autres chargements et livrés au marché noir », a précisé le journal.
Extravagances et coups de colère
Cité par le Sunday Mail, un haut responsable de l’actuelle présidence du pays, Christopher Mutsvangwa, a indiqué que le gouvernement avait été informé du trafic par un lanceur d’alerte qu’il n’a pas nommément cité. « La police et le lanceur d’alerte ont tendu un piège aux complices présumés de Grace Mugabe, a expliqué M. Mutsvangwa. Ils ont été arrêtés […] quand nous avons été confrontés à tant de preuves, nous ne pouvions plus rester sans rien faire. » L’hebdomadaire sud-africain The Sunday Times affirme que le lanceur d’alerte est un photojournaliste australien, Adrian Steirn.
Mme Mugabe doit être prochainement entendue par la police, selon le Sunday Mail. Longtemps connue pour ses seuls goûts de luxe, extravagances et coups de colère, Grace Mugabe, 52 ans, avait ces dernières années révélé son ambition de succéder à son mari. C’est pour l’en empêcher que l’armée est intervenue en novembre 2017, provoquant la démission de Robert Mugabe, 94 ans aujourd’hui, au terme d’un règne sans partage de trente-sept ans.
Les autorités anti-corruption du Zimbabwe enquêtent actuellement sur les conditions de délivrance d’un doctorat à Mme Mugabe en 2014. Le vice-chancelier de l’université du Zimbabwe a été arrêté en février dans le cadre de ce dossier. M. Mugabe a été remplacé à la tête du pays par son ex-vice-président, Emmerson Mnangagwa.