Le fils de l’ancien président angolais, José Filomeno dos Santos, a été inculpé de fraude pour avoir ordonné, quand il dirigeait le fonds souverain du pays, un virement jugé suspect de 500 millions de dollars (plus de 400 millions d’euros), a annoncé lundi 26 mars le parquet général. M. dos Santos est poursuivi pour « fraude, détournement de fonds, trafic d’influence, blanchiment d’argent et association criminelle », a expliqué le procureur général adjoint, Luis Benza Zanga, lors d’une conférence de presse.

Surnommé « Zenu », José Filomeno dos Santos avait été nommé en 2013 par son père, le président José Eduardo dos Santos, à la tête d’un fonds souverain créé un an plus tôt et doté d’un capital initial de 5 milliards de dollars puisés dans la manne pétrolière du pays. Il a été limogé de son poste en janvier par le nouveau président de l’Angola, Joao Lourenço.

L’ancien directeur de la Banque centrale angolaise, Valter Filipe da Silva, a également été inculpé en relation avec cette affaire, a précisé M. Benza Zenga. Le mouvement de fonds suspect, à destination d’un compte du Crédit suisse dans une de ses succursales londoniennes, a été ordonné en septembre 2017 depuis le compte du fonds souverain à la Banque centrale, selon le magistrat. Il a précisé que l’argent avait depuis été rendu à l’Angola.

« Il n’y aura pas d’indulgence »

M. Benza Zenga a indiqué que la justice avait placé les deux accusés sous contrôle judiciaire et leur avait retiré leurs passeports. « Il n’y aura pas d’indulgence pour ce crime, même si l’argent a été rendu à notre pays, a-t-il insisté. Nous irons jusqu’au bout de cette enquête, il n’y aura aucun pardon. »

José Eduardo dos Santos a dirigé l’Angola pendant trente-huit ans, un règne sans partage pendant lequel il a mis l’économie du pays en coupe réglée, au profit d’une poignée de proches. Son successeur, Joao Lourenço, issu lui aussi Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), lui a succédé en septembre et a congédié, au nom de la lutte contre la corruption, de nombreux barons de l’ancien régime.

La demi-sœur de Zenu, Isabel dos Santos, a ainsi été limogée de son poste de PDG de la compagnie pétrolière nationale, la Sonangol. La justice a ouvert au début du mois une enquête sur de possibles détournements de fonds sous sa présidence. Considérée comme la femme la plus riche d’Afrique, Mme dos Santos a nié catégoriquement ces accusations.