Arrestation d’un gourou qui marquait ses esclaves sexuelles
Arrestation d’un gourou qui marquait ses esclaves sexuelles
Le Monde.fr avec AFP
Keith Raniere, qui avait fondé une secte en 1998, est soupçonné d’avoir entretenu un cercle de 15 à 20 femmes sous influence, avec lesquelles il avait des relations sexuelles, et qui avaient été « marquées ».
Le gourou présumé d’une secte qui entretenait, pour son propre compte, un réseau d’esclaves sexuelles, qu’il faisait marquer par brûlure, a été interpellé dimanche au Mexique, extradé et devait être présenté à la justice américaine mardi 27 mars.
Keith Raniere (57 ans) a fondé en 1998 une organisation baptisée Executive Success Program (ESP), qui tenait des séries d’ateliers dont le but officiel était de « réaliser le potentiel humain » des participants.
5 000 dollars les cinq jours d’atelier
En 2003, il a créé une deuxième entité, baptisée Nxivm (prononcer Nexium), qui chapeautait ESP, selon le document de la plainte déposée mi-février par le ministère public devant un tribunal fédéral de Brooklyn. Selon ce même document, les participants aux sessions de formation acceptaient de payer jusqu’à 5 000 dollars par ateliers de 5 jours et se retrouvaient, le plus souvent, endettés, au point de devoir travailler pour Nxivm pour les rembourser.
Basée à Albany, capitale de l’Etat de New York, l’organisation a ouvert des centres dans plusieurs villes de Etats-Unis, du Canada, du Mexique et d’autres pays d’Amérique centrale.
Dès les débuts d’ESP, Keith Raniere est soupçonné d’avoir entretenu un cercle de 15 à 20 femmes sous influence, avec lesquelles il avait des relations sexuelles à son gré. En 2015, il aurait créé une organisation parallèle pyramidale, baptisée DOS, qui comprenait des « esclaves » et des « maîtres ». Tous les membres étaient des femmes avec, au sommet de la pyramide, le gourou présumé Keith Raniere lui-même.
Les « esclaves » étaient « marquées »
Parmi les missions des « esclaves », figurait notamment l’obligation d’avoir des rapports sexuels avec Keith Raniere lorsque cela leur était demandé.
Avant d’être acceptées comme esclaves, les femmes devaient fournir de la « garantie », c’est-à-dire divers éléments compromettants pour elles-mêmes, photos, lettres, ou documents, que l’organisation se réservait le droit de rendre publics si elles quittaient DOS. Elles devaient aussi subir un « marquage », qui consistait à tracer sur la peau des lettres, souvent les initiales de Raniere, à l’aide d’un stylo à cautériser, qui brûlait les chairs. La victime était maintenue immobile par d’autres femmes et chaque séance était filmée.
Après la défection de plusieurs membres et la publication d’un long article dans le New York Times, en octobre, le gourou présumé s’est enfui au Mexique, où il a été interpellé dimanche, dans une villa luxueuse de la station balnéaire Puerto Vallarta.
Il est poursuivi pour trafic sexuel, association de malfaiteurs et menaces. S’il est reconnu coupable de ces chefs d’accusation, Keith Raniere risque, au minimum, 15 ans de prison, et encourt jusqu’à la réclusion à perpétuité.
Selon l’article du New York Times, environ 16 000 personnes auraient suivi les formations d’ESP ou Nxivm depuis 1998.