En Sierra Leone, le second tour de la présidentielle reporté en raison de « retards logistiques »
En Sierra Leone, le second tour de la présidentielle reporté en raison de « retards logistiques »
Le Monde.fr avec AFP
Le scrutin opposant l’ancien général Julius Maada Bio et l’ex-ministre Samura Kamara se tiendra samedi 31 mars.
Le second tour de la présidentielle en Sierra Leone, prévu mardi 27 mars, a été repoussé au samedi 31 mars malgré le rejet par la justice d’un recours demandant le report du scrutin, a annoncé lundi la Commission électorale nationale (NEC). Dans son recours, un juriste appartenant au Congrès de tout le peuple (APC, au pouvoir), Ibrahim Sorie Koroma, dénonçait des fraudes électorales, exigeant qu’elles fassent l’objet d’une enquête avant la tenue du second tour.
La Haute Cour de Sierra Leone, qui avait ordonné samedi à la NEC de suspendre les préparatifs du scrutin, a levé l’injonction lundi en début d’après-midi. Mais « en raison des retards logistiques dus à cette injonction, le vote ne peut se tenir le 27 mars comme prévu », a annoncé la NEC en début de soirée, ajoutant que les quelque 3,1 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes le 31 mars. « Il y a des défis logistiques mais nous pensons être en mesure de les surmonter d’ici à l’élection », a ensuite déclaré le président de la NEC, Mohamed Conteh, à l’issue d’une réunion en présence des deux candidats et des observateurs nationaux et internationaux.
Quelque 250 personnes et une quarantaine d’avocats se sont pressés en début d’après-midi dans la salle d’audience pleine à craquer. A l’annonce de la décision, des cris de joie ont fusé des rangs du public. A l’extérieur, les caméras de télévision étaient maintenues à distance par une trentaine de policiers, dont certains casqués et armés de fusils automatiques, déployés autour du bâtiment de style colonial à la façade blanche décrépie. Mais la journée s’est déroulée sans incident.
Une campagne tendue
Avant même ce rebondissement, le second tour s’annonçait très indécis entre le candidat du pouvoir, Samura Kamara, homme lige du président sortant Ernest Bai Koroma, et celui de l’opposition, l’ancien général Julius Maada Bio, après une campagne tendue dans ce pays très pauvre d’Afrique de l’Ouest gangrené par la corruption.
Le candidat du Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP), Julius Maada Bio, avait accusé dimanche le président Koroma, qui ne pouvait plus se représenter après deux mandats, de « pousser la Sierra Leone au bord du chaos » par des manœuvres dilatoires. Battu par M. Koroma en 2012, M. Bio espère tenir sa revanche après avoir devancé de peu au premier tour, le 7 mars, l’ancien ministre des affaires étrangères Samura Kamara, avec 43,3 % des suffrages contre 42,7 %. « Nous avons donné notre accord pour des élections le 31 mars. Rien ne nous empêchera de les tenir », a-t-il déclaré devant les journalistes en sortant de la réunion convoquée par la NEC.
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M. Kamara s’était pour sa part « réjoui que la justice s’assure que la NEC mette au clair les décalages et irrégularités de l’élection du 7 mars avant le second tour ». Lundi soir, il a lancé un appel pour que « le peuple reste pacifique ». « Nous avons deux candidats, il revient au peuple de choisir », a-t-il ajouté, disant avoir « confiance en la NEC en tant qu’institution publique ».
Une issue incertaine
La Cour a également donné lundi des instructions à la NEC pour assurer la transparence et l’intégrité des résultats, notamment la communication des procès-verbaux aux représentants des deux partis et leur affichage dans chaque bureau de vote.
En l’absence de sondages crédibles, tout pronostic sur le vainqueur s’annonce hasardeux. L’issue est d’autant plus incertaine que si l’opposition a viré en tête à la présidentielle, l’APC frôle la majorité absolue à l’Assemblée nationale, selon les résultats des législatives, sept des 132 sièges devant encore être attribués à l’issue de nouveaux comptages et d’une annulation.
Le bilan de l’administration Koroma est contrasté. Si elle a réussi à attirer les investisseurs pour reconstruire le pays, dévasté par la guerre civile (1991-2002) qui a fait quelque 120 000 morts, l’économie reste fragile après les chocs de l’épidémie d’Ebola en 2014-2016 et de la chute des cours mondiaux des matières premières. Et la corruption a continué de prospérer.
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