Chez Whirlpool à Amiens, la direction propose un sèche-linge aux salariés en guise d’augmentation
Chez Whirlpool à Amiens, la direction propose un sèche-linge aux salariés en guise d’augmentation
Par Faustine Vincent
Deux mois avant la fermeture de l’usine de fabrication de sèche-linge, les syndicats réclament une hausse salariale de 4 %.
Les syndicats de l’usine Whirlpool d’Amiens ont d’abord cru à une plaisanterie. Quand ils ont demandé une augmentation de salaire de 4 % pour les 286 salariés lors de la réunion de négociations annuelles obligatoires, mercredi 28 mars, la direction leur a proposé… un sèche-linge.
« Nous payer avec un sèche-linge, on n’avait encore jamais vu ça ! Est-ce qu’on paye les bouchers en tranches de jambon ?, s’indigne Frédéric Chantrelle, délégué CFDT. C’est du foutage de gueule. On veut du pouvoir d’achat, pas du bricolage ».
L’an dernier, quand l’usine de fabrication de sèche-linge a annoncé qu’elle allait se délocaliser en Pologne malgré des bénéfices records, les salariés avaient déjà demandé 4 % d’augmentation, contre 1,5 % environ les années précédentes. Vu le contexte, la direction la leur avait accordée.
A deux mois de la fermeture du site, prévue le 31 mai, les syndicats espéraient de nouveau obtenir 4 % mercredi, soit 80 euros pour un salaire de 2 000 euros brut. « Pour un groupe qui gagne des millions d’euros, ce n’est pas beaucoup », fait valoir Frédéric Chantrelle. En 2016, le numéro deux mondial du gros électroménager affichait 20,7 milliards de dollars (19 milliards d’euros) de chiffre d’affaires, et 888 millions de dollars (815 millions d’euros) de bénéfice net.
Une nouvelle réunion convoquée à la hâte
Reste que les salariés avaient bel et bien demandé un sèche-linge à la direction. Mais dans le cadre du comité d’entreprise, pas des négociations salariales. François Gorlia, délégué syndical de la CGT, explique :
« On en réclame un depuis plus de dix mois, après l’annonce de la fermeture du site. On ne rejette pas le fait que la direction nous en propose un, mais on ne comprend pas pourquoi elle l’a mis sur le tapis maintenant : ça n’a rien à voir avec les négociations annuelles obligatoires ! »
En 2002, lorsque l’usine avait annoncé qu’elle transférait en Slovaquie la fabrication des lave-linge, elle avait donné un de ces derniers aux salariés, en échange d’une journée de travail. « A raison de 300 ou 400 euros la machine, ça valait le coup », se souvient le syndicaliste de la CGT. Cette fois, il s’agirait d’un sèche-linge de « milieu de gamme, d’environ 150 euros », précise-t-il.
Face à la médiatisation de l’affaire, révélée par Le Courrier Picard, les dirigeants de Whirlpool ont tenté d’éteindre l’incendie en convoquant à la hâte une nouvelle réunion, jeudi 29 mars en début d’après-midi, au lieu du 19 avril comme prévu initialement. Contactée par Le Monde, la direction n’a pas souhaité faire de commentaire.
Outre l’augmentation de 4 %, avec rétroactivité au 1er janvier, les revendications syndicales portent sur la prise en charge de la mutuelle à 100 %, la participation aux bénéfices et un treizième mois réel, c’est-à-dire sans décompter les absences. Sur ce dernier point, la direction a donné son accord, selon la CGT.