« Nous souhaitons la bienvenue à Malala Yousafzai. Elle est de retour à la maison », a déclaré un porte-parole du ministère des affaires étrangères, à l’arrivée jeudi de la plus jeune lauréate d’un Nobel, dans son Pakistan natal quitté dans des circonstances dramatiques en 2012 après avoir reçu une balle dans la tête de talibans pakistanais. Malala Yousufzai, Prix Nobel de la paix et militante des droits des femmes, « va rencontrer plusieurs personnes ici mais son itinéraire n’est pas rendu public pour des raisons de sécurité », a ajouté le ministère des affaires étrangères.

Accompagnée de ses parents, le jeune femme devrait s’entretenir avec le premier ministre, Shahid Khaqan Abbasi, durant cette visite de quatre jours. On ignore, en revanche, à ce stade si la jeune femme, âgée aujourd’hui de 20 ans, entend se rendre dans son district natal de Shangla, dans la vallée de Swat. Son arrivée au petit matin à l’aéroport international d’Islamabad s’est déroulée sous forte escorte policière, selon des images montrées à la télévision.

Une image controversée

Si Malala est célébrée en Occident, son image est plus controversée dans son pays où certains la considèrent comme un « agent de l’étranger » payé pour dénigrer le Pakistan. Dénoncée dès le départ par les cercles islamistes radicaux opposés à l’émancipation des femmes, Malala a vu la défiance à son endroit s’étendre à une partie de la classe moyenne pakistanaise, favorable au droit à l’éducation mais qui ne supporte pas de voir ternie l’image du pays.

Nombre de ses compatriotes ont toutefois salué l’annonce de son arrivée, notamment dans sa vallée de Swat. « Elle devrait venir au Pakistan régulièrement pour que les gens de cette région voient l’importance de l’éducation, surtout pour les femmes », a suggéré un habitant de Swat, Jawad Khan.

« Bienvenue à #MalalaYousafzai, la courageuse et résistante fille du Pakistan, de retour dans son pays », a de son côté écrit l’homme politique Syed Ali Raza Abidi sur Twitter.

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Championne du droit des femmes à l’éducation

C’est dans des circonstances dramatiques, en ambulance et entre la vie et la mort, que Malala avait dû quitter son pays en 2012, gravement blessée dans une tentative d’assassinat par des talibans pakistanais alors qu’elle rentrait de l’école. Elle n’avait plus foulé le sol pakistanais depuis, tout en exprimant le souhait de revenir. « J’espère que je pourrai un jour rentrer au Pakistan. C’est dur de ne pas voir sa maison, sa famille et ses amis pendant plus de cinq ans », avait-elle déclaré en janvier à Davos.

Soignée en Angleterre, où elle vit depuis, elle est devenue une championne du droit des femmes à l’éducation. C’est à ce titre qu’elle s’est vu décerner le prix Nobel de la paix en 2014, conjointement avec l’Indien Kailash Satyarthi.