La grève SNCF de mardi sera-t-elle record ?
La grève SNCF de mardi sera-t-elle record ?
Par Éric Béziat
Pour le mouvement des 3 et 4 avril, l’entreprise ferroviaire prévoit 48 % de grévistes sur l’ensemble des personnels. Si ce taux se confirme, il serait supérieur aux grèves de 2016 et 2014.
Un train arrive gare Saint-Lazare à Paris,le 22 mars. / STEPHANE MAHE / REUTERS
Avec 48 % de grévistes parmi l’ensemble des personnels SNCF, le mouvement des mardi 3 et mercredi 4 avril s’annonce comme l’un des plus suivis de ces dernières années dans le groupe public ferroviaire. Si ce taux se confirme mardi, il serait supérieur au niveau des grèves de 2016 (contre la nouvelle organisation du travail) et 2014 (contre la loi portant réforme ferroviaire) qui avoisinaient les 35 %.
La grève de mardi serait d’un niveau comparable à celle de 2010 (multi-mots d’ordres mais avec une dimension défense de la retraite importante) qui a vu une mobilisation de 43 % du personnel. Mais on a pu voir ces vingt dernières années des grèves plus suivies, avec plus de 60 % de grévistes au total. Ce fut le cas en 1995 mais aussi en 2003 (63 % de grévistes) et surtout en 2007 (72 %).
A chaque fois, c’est la défense du régime spécial de retraite des cheminots qui a fait monter de manière stratosphérique ces taux de personnel en arrêt de travail. On notera que le projet de pacte ferroviaire gouvernemental actuel ne mentionne pas cette question du régime des retraites qui est renvoyé (prudemment) à une réforme globale un peu plus tard dans le quinquennat.
Les non-grévistes mobilisés à 100 %
Ce chiffre de 48 % de grévistes reste toutefois à confirmer, car il constitue une estimation réalisée par la direction de la SNCF à partir des déclarations individuelles d’intention (D2I) des salariés soumis à cette obligation. Or, cette population qui concourt directement à la « production » des trains (conducteurs, contrôleurs, aiguilleurs…) ne représente que 45 % de l’ensemble des personnels de la SNCF.
D’ailleurs de nombreuses voix syndicales ont fustigé une annonce du taux de grévistes un peu hâtive de la part de la direction de la SNCF. « Cela peut constituer un indicateur efficace, répond Mathias Vicherat, directeur général adjoint du groupe SNCF. Jeudi 22 septembre, lors de la première journée de mobilisation, les D2I laissaient entrevoir un taux de 36 % de grévistes et il a finalement été de 35,4 %. »
Quant aux non-grévistes, ils seront mobilisés à 100 % mardi. Des sièges administratifs seront fermés pour pouvoir envoyer le personnel sur le terrain. La SNCF a prévu que 3 000 « gilets rouges » orienteront les voyageurs qui tenteraient malgré tout de prendre le train.
Les clients et usagers devraient être abreuvés de notifications par SMS, mail, applications. L’enjeu est de taille pour l’entreprise. La loi sur le service garanti fait obligation d’informer au mieux les usagers du plan de transport mis en place et surtout de le tenir. Même s’il y a peu de trains, ceux qui sont prévus sont censés circuler. Et à l’heure.
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