Martin Luther King dans « Le Monde »
Martin Luther King dans « Le Monde »
Trois articles extraits des archives du « Monde » évoquent la condition des Noirs aux Etats-Unis dans les années 1960.
Nous avons extrait des archives du Monde trois articles sur la condition des Noirs dans les années 1960, aux Etats-Unis. Le premier, écrit le 22 novembre 1969 par l’écrivain Claude Roy, examine leur situation dix-huit mois après l’assassinat du pasteur. Selon l’auteur de l’article, la couleur des mots a changé. Désormais, dans la conversation avec des Noirs, dans les rues, les affiches, les chansons, le mot Black est prononcé comme une affirmation, une fierté, un cri. Il supplante le mot negro qui suscite une impression de malaise. En s’appuyant sur le rapport officiel de la Commission nationale sur les causes et la prévention de la violence, Claude Roy constate que les intellectuels, les hommes d’affaires, les publicitaires ou encore les artistes prennent la parole pour affirmer leur identité. Dans les salles de concert, les spectateurs répétent à l’envi : I’m black and I’m proud ! (« Je suis noir et jen suis fier! »). Il ne s’agit plus seulement de spectacle, mais d’un fait social. Si les humiliations et les agressions envers les Noirs n’ont pas disparu, elles se sont atténuées, et le racisme diffus tend à devenir un racisme honteux.
Le deuxième article, daté du 4 novembre 1964, est un reportage à Harlem, un quartier au nord de Manhattan à New York, qui, durant l’été, a connu des émeutes après le meurtre d’un jeune Noir de 15 ans par un policier. Le journaliste Jacques Amalric retrace l’évolution et l’histoire de ce quartier, qui, né à la fin de la guerre civile en 1865, demeure un échantillon représentatif de tous les quartiers noirs des villes américaines. Chômage, misère, logements dégradés, rues mal entretenues… notre rédacteur décrit les conditions de vie de la population de Harlem confrontée à l’injustice et aux inégalités.
Le troisième article est une enquête, datée du 2 avril 1965, sur l’organisation raciste du Klu Klux Klan, alors bientôt centenaire, et de ses Klansmen revêtus de leurs longues robes blanches et de leurs chapeaux pointus, dressant des croix enflammées. Le journaliste Jacques Amalric décrit les meetings au clair de lune, les discours racistes, les méthodes d’intimidation, les défilés en faveur de la ségrégation et les expéditions punitives de ses membres.