La station spatiale chinoise a atterri dans l’océan Pacifique Sud, pas si loin du « cimetière spatial »
La station spatiale chinoise a atterri dans l’océan Pacifique Sud, pas si loin du « cimetière spatial »
Le Monde.fr avec AFP
« Tiangong 1 » s’est écrasée entre l’Océanie et l’Amérique du Sud, où se trouve également le point Nemo, destination finale des engins spatiaux en fin de vie.
Une trajectoire presque heureuse, bien qu’incontrôlée. La station spatiale chinoise Tiangong 1 a fait sa rentrée dans l’atmosphère lundi 2 avril vers 0 h 15 GMT (1 h 15, heure de Paris) pour finir dans « la partie centrale du Pacifique Sud », selon le bureau chinois chargé de la conception des vols spatiaux habités (CMSEO). La station s’est désintégrée en plein vol alors qu’elle regagnait la Terre, au terme de deux années d’évolution incontrôlée en orbite. Elle a atterri entre l’Océanie et l’Amérique du Sud. Pas si loin du « point Nemo », le cimetière des déchets spatiaux.
La station chinoise a atterri dans « la zone centrale du Pacifique sud », le point Nem, lui, se trouve au large des côtes de l’Antarctique, entre les îles Pitcairn, la Nouvelle-Zélande et le Chili. / Google Maps
« Le point Nemo se trouve au large des côtes de l’Antarctique, de la Nouvelle-Zélande, des îles Pitcairn et du Chili », a expliqué à l’Agence France-Presse Stijn Lemmens du bureau des débris spatiaux de l’ESA (Agence spatiale européenne) à Darmstadt. Cet endroit perdu au milieu du Pacifique, appelé « pôle d’inaccessibilité » ou point Nemo en hommage au capitaine de Jules Verne, représente l’endroit le plus isolé du monde, distant de 2 688 km de la première terre émergée, l’île Ducie, un atoll inhabité.
250 à 300 engins spatiaux s’y sont échoués
« C’est plutôt une zone qu’un point », explique Florent Deleflie, astronome de l’Observatoire de Paris. « Et comme cette zone est très large, elle est la plus propice à ce genre d’opération », ajoute l’astronome, qui précise que « même en cas de chute contrôlée, il reste une incertitude sur le point de rentrée dans l’atmosphère de l’engin ». De plus, c’est un lieu qui semble héberger peu de faune et de flore, souligne Stijn Lemmens.
« Il est donc utilisé comme décharge, ou “cimetière spatial” pour employer un terme plus poli », explique le spécialiste de l’ESA. Ce cimetière a déjà accueilli 250 à 300 engins spatiaux en fin de vie. Le plus célèbre restant, à ce jour, la station spatiale soviétique Mir de 120 tonnes, qui s’y est abîmée en 2001.
« Aujourd’hui, on l’utilise souvent pour les vaisseaux cargo Progress qui ravitaillent la Station spatiale internationale (ISS) », explique Stijn Lemmens. L’énorme station internationale doit d’ailleurs, elle aussi, finir ses jours au point Nemo, en 2024.
Mais même si la zone est particulièrement déserte, quand un engin spatial va engager sa chute vers le cimetière, « le trafic aérien est prévenu, la navigation maritime également », explique Florent Deleflie.
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