SNCF : A Paris, Lyon Montpellier et Nantes, une journée marquée par les AG et les manifestations
SNCF : A Paris, Lyon Montpellier et Nantes, une journée marquée par les AG et les manifestations
Par Le Monde.fr, Richard Schittly (Lyon, correspondant), Anne Devailly (Montpellier, correspondante), Yan Gauchard (Nantes, correspondant)
Dans plusieurs villes, les grévistes ont reconduit à la quasi-unanimité pour mercredi le mouvement de grève lancé par les cheminots.
Après une AG de l'intersyndicale des cheminots de Paris-Nord, mardi 3 avril à la Gare du Nord. / Jean-Claude Coutausse / French-Politics pour «Le Monde»
C’est parti pour trois mois de « grève perlée ». Mardi 3 avril, au premier jour du mouvement de contestation des cheminots de la SNCF, qui s’opposent au projet de réforme du gouvernement, le trafic a été particulièrement perturbé dans tout le pays. Selon la direction de l’entreprise ferroviaire, la proportion de grévistes a atteint 33,9 %, contre 35,4 % le 22 mars.
Mais parmi les « agents indispensables à la circulation des trains » (conducteurs, contrôleurs, aiguilleurs), le taux a atteint 48 % mardi matin, contre 36 % le 22 mars. Il était notamment de 77 % chez les conducteurs et 69 % chez les contrôleurs. A Paris, Montpellier, Lyon ou encore Toulouse, les grévistes ont reconduit à la quasi-unanimité le mouvement pour mercredi.
Dans plusieurs villes, les étudiants, qui protestent contre la réforme de l’université du gouvernement, se sont joints au mouvement de contestation. Retour sur cette journée de mobilisation.
A Paris, les cheminots reconduisent la grève, des facs bloquées
Dans la capitale, les cheminots se sont retrouvés mardi matin dans les différentes gares où ils ont voté, à la quasi-unanimité, pour la reconduction du mouvement mercredi.
En début d’après-midi, ils étaient plusieurs centaines à défiler entre Gare de l’Est et Gare Saint-Lazare aux côtés d’agents hospitaliers, d’enseignants, d’étudiants ou encore de salariés d’Air France. « Cheminots en colère, on va pas se laisser faire », scandait SUD-Rail au micro. Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a également rejoint le cortège en compagnie des députés Alexis Corbière, Danièle Obono et Eric Coquerel.
Des incidents ont émaillé le parcours : vitres d’une agence bancaire et d’une supérette brisées, poubelles renversées et incendiées, de même qu’un vélo, jets de canettes auxquels les forces de l’ordre ont répondu par des gaz lacrymogènes.
Du côté des universités parisiennes, les blocages se sont poursuivis mardi. Le site de Saint-Denis de l’université Paris-VIII était « complètement bloqué », pour « la première fois » depuis le début du mouvement, a annoncé sa présidence. Sur le campus de Paris-I à Tolbiac, 1 500 personnes, d’après les organisateurs, ont voté la poursuite du blocage débuté le 26 mars, de façon « illimitée », jusqu’au retrait de la loi « orientation et réussite des étudiants » qui réforme l’accès à l’université.
A Lyon, entre 700 et 1 000 manifestants
Dans l’après-midi à Lyon, entre 700 personnes, selon la police, et 1 000, selon les syndicats ont défilé de la gare Perrache jusqu’au Conseil régional. Le rassemblement était là aussi composé entre autres de cheminots et d’étudiants.
Les cheminots ont demandé à Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône Alpes, de les recevoir, mais ce dernier a refusé. « On peut le féliciter pour son esprit d’ouverture que tout le monde connaît », a ironisé un délégué lyonnais au micro devant le bâtiment du Conseil régional.
Plus tôt dans la journée, lors de l’assemblée générale de l’intersyndicale, les cheminots ont voté à l’unanimité la reconduction du mouvement pour les 8 et 9 avril prochains. « Macron nous déclare la guerre depuis qu’il est au pouvoir, on va lui promettre un Stalingrad », a lancé un militant de la CGT au micro sous des applaudissements nourris. « C’est une grève historique, il faut qu’on la gagne, il va falloir tenir », a aussi déclaré Jean-François Rogeon, secrétaire lyonnais de SUD Rail.
A Montpellier, manifestation réunissant les personnels de santé, les cheminots, les étudiants…
Manifestation à Montpellier, mardi 3 avril. / SYLVAIN THOMAS / AFP
Mardi matin, le trafic était complètement nul à la gare de Montpellier. Vers 11 heures, une petite centaine de personnes se sont réunies dans le restaurant d’entreprise au siège régional de la SNCF à Montpellier.
Les différents syndicats de l’intersyndicale – sauf la CFDT – ont pris la parole. Pour les grévistes, ce mouvement concerne l’ensemble des services publics, comme l’a exprimé l’un d’entre eux :
« Aujourd’hui, ils attaquent les cheminots. Demain, ce sera le reste des services publics qui seront attaqués, si nous on ne tient pas. Ils sont en train de restructurer la SNCF pour la revendre par petits morceaux. En interne, on a déjà nos blocs restructurés pour pouvoir être ouverts ou vendus à la concurrence. Et ce sera pareil dans les autres secteurs. »
Dans l’après-midi, 2 000 personnes ont défilé dans les rues de Montpellier, selon la CGT. En tête de cortège, les cheminots, suivis par les personnels de santé (hôpitaux et cliniques), les éboueurs, les étudiants, et quelques groupes plus isolés, comme la CGT-santé de Bédarieux, à quelque 50 km de Montpellier, ou une petite délégation des organismes publics de recherche.
Les plus bruyants étaient les étudiant, qui défilaient, toutes universités confondues, les étudiants de la fac de droit étant rejoints par ceux de la fac de lettres (Paul-Valéry) ou de la fac de sciences, sans banderoles spécifiques distinguant les uns des autres. Ce sont eux qui lançaient les slogans repris par les manifestants, dans une ambiance soixante-huitarde assumée :
« Tout est à nous, rien n’est à eux, tout ce qu’ils ont, ils l’ont volé/Ça va péter. »
A Nantes, la grève reconduite à une écrasante majorité
La reconduction de la grève de la SNCF a été adoptée à Nantes à une écrasante majorité (267 votants, une abstention) jusqu’à demain 11 heures : « Côté circulation des trains, ce sera un copier-coller de la journée de ce mardi », assure un syndicaliste.
La gare était quasi déserte mardi matin, et la circulation sérieusement engorgée dans l’agglomération nantaise.
Devant la voie 53, rebaptisée « place des luttes », l’assemblée générale unitaire a débuté en présence de plus de 400 salariés. Christian Lebeaupin, 50 ans, agent au service électrique non syndiqué, « vingt-huit ans de boîte », a dit faire grève « pour défendre le boulot des copains » :
« La fin du statut de cheminot, on voit déjà ce que ça donne puisque certains collègues qui entrent à la SNCF ne bénéficient pas de ce statut, du fait de leur âge. A travail égal, ils n’ont pas le même traitement salarial, le même déroulement de carrière, ni droit aux mêmes primes. »