L’avis du « Monde » – pourquoi pas

Avec Blancanieves, sorti en 2012, Pablo Berger avait touché la zone érogène entre pastiche et invention poétique. Sa réinterprétation du mythe de Blanche-Neige dans une Séville pré-franquiste avait séduit bien au-delà des Pyrénées. Abracadabra tente de rééditer l’exploit, remplaçant la cité andalouse par Madrid, les années 1920 par le XXIe siècle. Mais la greffe magique ne prend pas sur l’âge numérique.

Carmen (Maribel Verdu, qui était Blanche-Neige dans le film précédent) est une femme au foyer affligée d’un mari d’un machisme imbécile (Antonio Torres). Au hasard d’une fête de mariage, celui-ci est hypnotisé par un amateur et sort de sa transe habité par un mystérieux esprit, à la fois plus prévenant, mais aussi bien plus inquiétant que celui du légitime propriétaire du corps.

Surenchère dans l’invraisemblable

Recourant à des gags qui avaient pris leur retraite en même temps qu’Abbott et Costello, Pablo Berger tente de sauver son film en surenchérissant dans l’invraisemblable. On verra un singe sur une grue, un serial killer produit d’un Œdipe mal liquidé (figure récurrente du cinéma espagnol), un mage minable qui s’est fait la tête de Raspoutine.

Cette accumulation devrait constituer une masse critique pour faire basculer le film du côté de la fantaisie. Il n’en est rien, et Abracadabra ne se départ jamais de son rythme pépère. Si l’on y trouve de l’intérêt, c’est dans ce qu’il montre de la vie quotidienne à Madrid, de cette persistance de gestes et d’habitudes pré-industriels au temps des portables et d’Internet. Cette désuétude s’accorde bien avec l’humour un peu fatigué du film.

ABRACADABRA - de PABLO BERGER - Bande Annonce vost
Durée : 01:33

Film espagnol de Pablo Berger. Avec Maribel Verdu, Antonio Torres, Javier Anton (1 h 33). Sur le Web : www.condor-entertainment.com/abracadabra-la-salle