Geneviève Huttin. / DR

Une voix s’est éteinte. Celle de Geneviève Huttin (née en 1951), auteure de poèmes et de récits qui mêlent l’intime et l’historique. Elle fut productrice des « Nuits de France Culture » avant d’animer les entretiens de « La Nuit rêvée de… » : vingt-trois ans d’une expérience radiophonique évoquée en 2004 dans L’Histoire de ma voix (Farrago). Une voix d’abord assourdie, lors d’une brève vie conjugale. Une parole retrouvée grâce à l’écriture : des recueils publiés par Mathieu Bénézet chez Seghers, Seigneur (1981) et Paris, litanie des cafés (1991). Puis, aux éditions Le Préau des collines, un récit consacré à son père, Cavalier qui penche (2009), et Une petite lettre à votre mère (2014).

Issue d’un milieu modeste, elle a enseigné la philosophie au sortir de l’Ecole normale supérieure. Avant de rejoindre le paquebot nocturne de la radio, ce « château du Graal ». Emouvant récit, son dernier livre, L’Air de Paris, rassemble des fragments autobiographiques autour de ses amours intermittentes avec un poète qu’elle a admiré, « Cavalier bleu de Kandinsky, éternel étranger ». Auprès de celui qu’elle surnomme Bellérophon (héros de la mythologie grecque qui triomphe de la Chimère), elle a fait l’épreuve d’« une liberté angoissante quoique désirée ».

L’Air de Paris. On a volé un poète, de Geneviève Huttin, Le Préau des collines, 104 p., 15 €.