Le système électoral hongrois favorise Viktor Orban
Le système électoral hongrois favorise Viktor Orban
Par Blaise Gauquelin (Vienne, correspondant)
Le parti arrivé en tête remporte automatiquement l’élection dans les circonscriptions de ce pays d’Europe centrale.
Viktor Orban a très largement modifié le système de vote suite à son retour au pouvoir en 2010, pour favoriser sa formation, le Fidesz. Désormais très complexe, la loi électorale hongroise est organisée autour d’un scrutin uninominal majoritaire à un tour. 199 députés sont élus dans un parlement monocaméral.
Les Hongrois votent deux fois dimanche
Les Hongrois voteront deux fois, à l’occasion des législatives dimanche 8 avril. Ils mettront un premier bulletin dans l’urne pour élire un député localement et un second pour plébisciter un parti, au niveau national.
Ainsi, 106 personnes seront désignées directement dans des circonscriptions taillées sur mesure par le Fidesz et 93 sièges reviendront indirectement à des personnalités choisies par listes à la proportionnelle.
Pour rappel, dans le parlement sortant, Viktor Orban disposait de 131 députés. Les socialistes (MSZP) comptaient 28 élus, l’extrême droite (Jobbik) 24 et les Verts du LMP 6. Il y avait par ailleurs 10 non inscrits.
Les partis devront obtenir 5 % des voix pour faire leur entrée à la Diète, 10 % si deux partis s’allient pour se présenter au scrutin et 15 % s’ils sont trois à faire ce choix.
La ou le candidat arrivé(e) en tête gagne
Les parlementaires seront la plupart du temps déclarés vainqueurs sans avoir remporté la majorité, puisque avec ce mode de scrutin, c’est le candidat arrivé en tête qui gagne automatiquement.
En 2014, ce système hybride avait largement aidé le premier ministre sortant : avec 44,6 % des voix, il avait remporté les deux tiers des sièges à l’assemblée.
L’opposition estime que cette loi empêche toute alternative, car elle interdit les coalitions contre Viktor Orban au second tour alors que « 54 % des électeurs veulent un changement et que 90 % de ces derniers voteraient pour n’importe quel candidat d’une gauche unie », comme le rappelle l’analyste Andras Pulai, de l’Institut Publicus.
Le poids des indécis
Le rôle des indécis - un tiers de l’électorat - sera crucial pour cette journée électorale, la plus incertaine dans ce pays d’Europe centrale, depuis la transition démocratique et la fin de l’ère communiste, en 1989.
S’ils se mobilisent dans un mouvement du « tout sauf Orban » et votent pour les candidats opposés au Fidesz, ils pourraient priver le premier ministre d’une super-majorité des deux tiers, voir de sa majorité. Si, au contraire, l’abstention est aussi forte que lors des précédents scrutins, Viktor Orban ne devrait avoir aucun mal à gouverner tout seul.
Des iniquités dans les conditions de vote
Les Hongrois installés dans les anciens territoires de l’empire des Habsbourg en Serbie, Ukraine, Roumanie et Slovaquie pourront voter par correspondance, mais les immigrés installés en Europe occidentale - entre 300 000 et 500 000 personnes, devront eux se rendre dans les quelques consulats qui seront ouverts à l’occasion du scrutin.
Or ces derniers sont majoritairement hostiles à Viktor Orban, alors que les premiers lui sont très favorables. Une « iniquité » qui avait été critiquée par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) il y a quatre ans.
Les observateurs de l’OSCE avaient aussi considéré que le déroulement de la campagne ainsi que le mode de scrutin avaient été mis au service d’un seul parti, en faveur duquel l’ensemble des médias d’Etat avaient également été mobilisés.
Selon M. Pulai, la Hongrie est à ce jour « le seul pays membre de l’Union européenne » épinglé de la sorte par l’organisation, dont le siège est à Vienne, en Autriche.
Comment Viktor Orban est devenu le champion de l’extrême droite européenne
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