La Chambre des lords inflige un revers à Theresa May sur le Brexit
La Chambre des lords inflige un revers à Theresa May sur le Brexit
Le Monde.fr avec AFP
Les Lords ont adopté un amendement permettant au Royaume-Uni de rester dans l’union douanière, alors que le gouvernement conservateur s’est engagé à la quitter.
Theresa May, le 18 avril. / TOLGA AKMEN/AFP
La défaite est embarrassante pour Theresa May. La Chambre des lords a voté mercredi 18 avril, à l’occasion de l’examen du texte de loi sur le Brexit, un amendement qui remet en cause le projet de la première ministre britannique de quitter l’union douanière.
Cet amendement, soutenu par des membres de la majorité, de l’opposition travailliste et du centre, a été adopté en fin d’après-midi à la chambre haute du Parlement par 348 voix contre 225. Il inscrit dans le projet de loi la possibilité pour le Royaume-Uni de rester dans l’union douanière alors que le gouvernement conservateur s’est engagé à la quitter en même temps que le marché unique, afin de pouvoir contrôler l’immigration et mener librement des négociations commerciales avec le reste du monde.
Mais un divorce dans ces conditions inquiète quant à ses éventuelles conséquences sur l’économie et sur la paix en Irlande du Nord, en cas de rétablissement d’une frontière avec l’Irlande voisine. Majoritairement favorables à l’Union européenne, les lords n’entendent pas laisser passer l’examen du projet de loi sans imprimer leur marque, comme en atteste le vote de mercredi.
« C’est un moment extrêmement important. La Chambre des lords s’est unie pour montrer au gouvernement que le maintien d’une union douanière est la clé de la prospérité future du Royaume-Uni », a réagi le leadeur du Parti libéral démocrate (centre, partisan de l’Union européenne) à la chambre haute, Richard Newby.
Ce vote illustre une nouvelle fois les divisions persistantes à l’intérieur du Parti conservateur sur le Brexit, l’un des quatre signataires de l’amendement n’étant autre que Chris Patten, l’ancien président dudit parti.
Déception
D’autres ont, en revanche, adressé une mise en garde aux lords, à l’instar du conservateur Michael Forsyth, selon lequel la volonté de la chambre haute de remodeler le texte risque de « dresser l’opinion publique contre les [lords] ».
« Nous sommes déçus », a réagi le ministère du Brexit dans un communiqué, tout en soulignant que la position du gouvernement restait « très claire » : « Nous quittons l’union douanière et établirons un nouvel et ambitieux accord douanier avec l’UE tout en nouant de nouvelles relations commerciales avec nos partenaires dans le monde entier. »
Outre cet épineux sujet, les lords devraient contester l’usage par le gouvernement des « Pouvoirs d’Henri VIII », une disposition qui permet de modifier une loi en s’exonérant du plein contrôle du Parlement.
La chambre haute du Parlement pourrait également être tentée de changer l’heure du Brexit, fixée le 29 mars 2019 à 23 heures, heure de Londres, soit minuit à Bruxelles. Le texte retournera ensuite devant les députés, qui l’avaient voté en janvier.
Ce projet de loi gouvernemental sur le retrait de l’UE doit permettre au Royaume-Uni de continuer à fonctionner normalement lorsqu’il aura coupé le cordon avec le bloc européen. Il met fin à la suprématie du droit européen sur le droit national britannique et organise la transposition des réglementations européennes. Le calendrier législatif connaîtra son point culminant vers la fin de l’année, quand le Parlement se prononcera sur l’accord de sortie négocié avec Bruxelles.