La CGT veut faire « converger les luttes » face à Macron, 130 mobilisations en France
La CGT veut faire « converger les luttes » face à Macron, 130 mobilisations en France
Le Monde.fr avec AFP
Cheminots, personnels hospitaliers, postiers, fonctionnaires, étudiants : ils sont côte à côte, jeudi, dans les premières manifestations à l’appel de la CGT et de Solidaires.
Une « convergence des luttes » pour s’opposer à Emmanuel Macron. Cheminots, personnels hospitaliers, postiers, fonctionnaires, étudiants : ils sont côte à côte, jeudi 19 avril, dans des manifestations à l’appel de la CGT et de Solidaires. Plus de 130 mobilisations sont prévues dans toute la France.
A Marseille, selon le comptage du cabinet Occurrence réalisé pour un collectif de médias, dont Le Monde, 5 700 personnes ont manifesté. La police en a comptabilisé 5 000, la CGT 65 000. Le gouvernement veut « tout privatiser. il faut les arrêter », a estimé Olivier Mateu, patron de la CGT des Bouches-du-Rhône, en tête du cortège marseillais mené par plusieurs centaines de cheminots munis de pétards, feux de Bengale et cornes de brume. Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, était présent.
A Rennes, les manifestants étaient accompagnés de trois tracteurs de la confédération paysanne en soutien à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. A Besançon aussi le cortège affichait son soutien avec des affiches « ZAD mon amour ».
A Paris, présence de Pierre Laurent et d’Olivier Besancenot
La manifestation parisienne a quitté Montparnasse à 14 heures pour la place d’Italie. Comme à Marseille, en plus des chiffres « police » et « organisateurs », le collectif de médias publiera son propre comptage.
Convergence des luttes !" C'est le slogan des cheminots, fonctionnaires, salariés de l'énergie, à l'appel de la CGT… https://t.co/1BVeysX5GD
— pibzedog (@Pierre Bouvier)
Le numéro 1 du Parti communiste, Pierre Laurent, est notamment présent dans le cortège parisien pour appeler à la convergence des luttes, que souhaite notamment la CGT.
« Cette manifestation doit servir à l’entrée en action d’autres secteurs aux côtés des cheminots. Quoi qu’en disent le gouvernement et la direction de la SNCF, la grève est encore très forte. Chez les électriciens et gaziers, on sent la grève monter. Il y a les étudiants qui se joignent aux manifs. Face à un gouvernent qui s’entête, Il faut parvenir à un carrefour des mouvements, une généralisation des luttes et une convergence des intérêts communs dans les consciences. »
Pour Olivier Besancenot, ancien leader du Nouveau Parti anticapitaliste présent également à la manifestation parisienne a déclaré :
« Ceux qui nous annoncent que la mobilisation faiblit, ce n’est pas vrai. La mobilisation s’enracine. Les annonces d’Emmanuel Macron étaient censées éteindre l’incendie, en réalité c’est le pyromane le plus important qui soit. Il nous prend toujours de haut, mais il est plus efficace que nous pour coaguler les colères. »
Boulevard du Montparnasse (14e arrondissement), sous le stand de la France insoumise, le député du nord Adrien Quattennens a estimé que la mobilisation se transforme « qualitativement » :
« On assiste à une mobilisation de politiques et de citoyens pas forcément touchés directement par les mesures du gouvernement mais qui se battent pour une vision de la France et des services publics. D’où l’importance de rendez-vous dans le weekend comme on l’a fait à Lille et Marseille et comme cela arrive le 5 mai. »
L’élu du Nord assure qu’il n’y a « aucune concurrence » entre les syndicats et les partis politiques à gauche et que « tout ça va vers un rapport de force victorieux ».
Grèves dans divers secteurs
Les grèves s’accompagnaient de perturbations, notamment à la SNCF où un TGV sur trois et deux TER sur cinq sont prévus. Le taux de grévistes était plus important jeudi que la veille (22,7), avec 66,4 % de conducteurs à l’arrêt.
Une trentaine de cheminots ont bloqué le trafic en gare de Lille dans la matinée, en brûlant des pneus sur les voies, ce qui a poussé des passagers à descendre le long des voies pour rejoindre les quais.
Dans l’énergie, les militants CGT, qui promettaient des « coupures ciblées », ont, par exemple, arrêté l’électricité en gare de Pau, coupé les radars au Creusot (Saône-et-Loire) ou organisé un barrage filtrant sur un rond-point près de la centrale nucléaire de Bugey (Ain).
La mobilisation a affecté aussi certaines crèches et écoles, ainsi que les antennes de France Culture et de France Musique. Des débrayages sont également prévus à La Poste, chez les fonctionnaires et à France Télévisions.
Les concertations sur la SNCF suspendus
Les cheminots en sont à leur huitième journée de grève depuis début avril contre la réforme ferroviaire, et le ton s’est durci jeudi avec la décision de l’intersyndicale de suspendre sa participation à la concertation avec la ministre des transports, Elisabeth Borne. Mais cette dernière a affirmé dans la foulée que la réforme de l’entreprise publique ferroviaire est « nécessaire » et qu’elle sera « conduite jusqu’à son terme » : « Cette posture intervient alors que l’essentiel de la concertation a été menée et qu’elle doit s’achever la semaine prochaine. »
La contestation monte également dans le secteur de la santé, les hôpitaux et les maisons de retraite médicalisées (Ehpad), chez l’ensemble des fonctionnaires. Et le conflit salarial chez Air France est dans l’impasse. En dehors du monde du travail, des facultés sont occupées ou bloquées par des opposants à la réforme Parcoursup, accusée d’instaurer une sélection à l’entrée à l’université.
La CGT et Solidaires espèrent construire un front unique à partir de ces colères. Une « coagulation » des « mécontentements » à laquelle ne croit pas le président Emmanuel Macron, qui estime que les différents mouvements ont « peu à voir » entre eux.