Vladimir Poutine au Kremlin, jeudi 5 avril 2018. / ALEXANDER ZEMLIANICHENKO / AP

Pour la quatrième fois, Vladimir Poutine va être investi à la présidence de la Russie au Grand Palais du Kremlin, lundi 7 mai. Réélu en mars avec 76,7 % des voix – son record, l’homme fort de la Russie, qui préside aux destinées du pays depuis dix-huit ans en tant que chef d’Etat ou de gouvernement, commence un mandat courant jusqu’en 2024.

Arrivé très loin devant ses adversaires avec une participation supérieure à la présidentielle de 2012, il a remercié les Russes, le soir de sa réélection, et a dit voir dans cette large victoire « la confiance et l’espoir de notre peuple ».

L’opposition et des ONG russes ont fait état de milliers d’irrégularités, parmi lesquelles du bourrage d’urnes et des électeurs conduits par autocars entiers sous la pression de leur employeur.

Sauf réforme constitutionnelle, Vladimir Poutine, 65 ans, ne pourra pas être à nouveau candidat en 2024, la Constitution russe interdisant de briguer plus de deux mandats de suite.

Manifestations d’opposants

Interpellé samedi, Alexeï Navalny a été relâché dimanche 6 mai. / AP

L’investiture a lieu le surlendemain de manifestations de l’opposition contre le « tsar Poutine », qui se sont soldées par plus de 1 600 arrestations, dont celle de l’opposant Alexeï Navalny à Moscou. Déclaré inéligible en raison d’une condamnation pénale qu’il estime orchestrée par le Kremlin, M. Navalny n’avait pas pu se présenter lui-même à l’élection présidentielle.

L’organisation non gouvernementale Amnesty International a dénoncé dans un communiqué « la dispersion violente de la manifestation à Moscou » et une utilisation « disproportionnée » de la force par la police.

A la veille de l’investiture précédente de Vladimir Poutine, le 6 mai 2012, une manifestation anti-Kremlin sur la place Bolotnaïa, à Moscou, avait déjà été émaillée d’affrontements avec la police, et plusieurs manifestants avaient ensuite été condamnés à des peines de camp.

Tensions avec l’Occident

Ce quatrième mandat débute sous le signe de tensions croissantes avec les Occidentaux. Frappée depuis 2014 par des sanctions occidentales sans précédent à cause de la crise ukrainienne, la Russie s’oppose aussi à ces derniers dans le conflit syrien et en raison des accusations d’ingérence russe dans l’élection de Donald Trump.

Cette confrontation Est-Ouest s’est encore accentuée depuis que Londres a accusé Moscou, en mars, d’avoir empoisonné un ex-agent double russe au Royaume-Uni, provoquant une avalanche d’expulsions de diplomates russes à travers le monde à laquelle la Russie a riposté par des mesures similaires.

Vladimir Poutine a qualifié ces accusations de « grand n’importe quoi », et la diplomatie russe a dénoncé une « mise en scène » britannique.