Mike Pompeo devant le Sénat, le 12 avril 2018. / JIM WATSON / AFP

Mike Pompeo, actuel directeur de la CIA, a été confirmé par le Sénat américain au poste de secrétaire d’Etat jeudi 26 avril, par 57 voix contre 42. Donald Trump l’avait choisi pour prendre la tête de la diplomatie américaine le mois dernier, après avoir limogé Rex Tillerson, un « modéré » dont les désaccords avec la Maison Blanche étaient notoires.

Le profil de M. Pompeo, considéré comme un « faucon » en raison de nombreuses prises de position contre l’Iran ou la Corée du Nord, ne faisait cependant pas l’unanimité. Le vote du Sénat en faveur de sa confirmation n’était pas acquis il y a quelques jours encore.

A 54 ans, l’ancien militaire et ex-élu du Kansas est devenu, en tant que directeur de la CIA, l’un des hommes les plus écoutés de Donald Trump. « Nous avons la même façon de penser (…), il y a eu des atomes crochus depuis le début », avait expliqué le milliardaire républicain pour justifier le choix du patron du contre-espionnage pour remplacer Rex Tillerson, alors que les talents diplomatiques de Mike Pompeo restent un mystère. Du moins jusqu’à ce que l’on apprenne qu’il avait effectué, entre la fin de mars et le début d’avril, un déplacement secret à Pyongyang pour rencontrer Kim Jong-un, avec lequel il a établi « une bonne relation », selon Donald Trump.

Deux dossiers brûlants

Sa nomination lui permet de se saisir immédiatement de deux dossiers brûlants : l’avenir de l’accord iranien et la Corée du Nord, dont il a rencontré le dirigeant récemment. Le nouveau chef de la diplomatie américaine s’envolera également dans les prochaines heures pour une réunion de l’OTAN à Bruxelles, autre volet sensible de la politique étrangère du président américain.

Pour en arriver là, le nouveau chef de la diplomatie des Etats-Unis a dû arrondir les angles afin de tenter de lisser sa réputation de « faucon », au cours d’un parcours de confirmation parlementaire particulièrement chaotique.

Lors de son audition devant la commission des affaires étrangères du Sénat, le 12 avril, M. Pompeo avait ainsi répété que « la guerre est toujours et doit toujours être en dernier ressort ». Celui qui avait milité activement contre l’accord iranien avait assuré que sa priorité consisterait à combler les lacunes supposées du compromis, et qu’un retrait des Etats-Unis à l’échéance fixée par le président, le 12 mai, ne refermerait pas, selon lui, la voie de la diplomatie.

« Je n’ai jamais été partisan d’un changement de régime » en Corée du Nord, a-t-il aussi assuré, tout en affirmant s’être préparé au prochain sommet historique entre Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, prévu en théorie d’ici au début de juin.

Opposition des démocrates

Mais sa mission en Corée du Nord n’avait pas pour autant facilité sa confirmation par le Sénat. Si les républicains font bloc derrière l’un des leurs, de nombreux démocrates, qui avaient approuvé sa nomination à la CIA, se sont cette fois dressés sur sa route.

« M. Pompeo est beaucoup plus belliqueux que ne devrait l’être à mes yeux le chef de la diplomatie », a résumé cette semaine le leadeur de l’opposition démocrate au Sénat, Chuck Schumer. « Il n’a pas réussi à me convaincre qu’il serait à même de modérer un président imprévisible », a-t-il ajouté.

D’autres lui ont reproché ses propos passés sur les musulmans et les homosexuels, le poussant à clamer son respect de tous sans toutefois aller jusqu’à se renier.

Tout au long de ce parcours pour sa nomination, Donald Trump l’a fermement soutenu, insistant longuement sur la formation exemplaire de cet homme né en Californie, sorti major de sa promotion de la prestigieuse école militaire de West Point et qui a fait son droit à Harvard.

C’est grâce à l’âpre combat mené par les républicains contre Hillary Clinton dans l’enquête sur l’attentat de Benghazi, qui a coûté la vie à l’ambassadeur des Etats-Unis en Libye en 2012, que l’élu est passé de l’ombre à la lumière, saisissant ensuite les occasions qui l’ont mené jusqu’à Donald Trump.

Depuis, celui à qui l’on prête de hautes ambitions politiques a réussi à éviter toute critique ouverte à l’encontre du président, qui met pourtant régulièrement en doute les conclusions des agences de renseignement sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2016.