Philippe appelle les syndicats à prendre « leurs responsabilités » et donne une date butoir aux zadistes
Philippe appelle les syndicats à prendre « leurs responsabilités » et donne une date butoir aux zadistes
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Le premier ministre est revenu au micro d’Europe 1 sur les mobilisations en cours, en renvoyant la balle dans le camp des protestataires.
SNCF, Notre-Dame-des-Landes, Air France… Invité sur Europe 1 jeudi matin, le premier ministre a appelé les syndicats grévistes de la SNCF à prendre « leurs responsabilités » et affirmé que les occupants illégaux de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes n’ayant pas choisi de s’inscrire dans un processus de régularisation devraient avoir « quitté les lieux » à compter du 14 mai.
SNCF
La SNCF connaîtra ce week-end ses onzième et douzième jours de grève, à l’appel d’une intersyndicale CGT, UNSA, CFDT et SUD, qui proteste contre la réforme ferroviaire du gouvernement. Depuis début avril, cette grève à épisodes perturbe fortement le trafic des trains.
« Je pense que ce n’est jamais une solution la grève, et je préférerais que [les syndicats grévistes] prennent leurs responsabilités rapidement », a déclaré Edouard Philippe sur Europe 1, répétant à nouveau qu’il déplorait les effets « extrêmement pénalisants » du mouvement « pour un très grand nombre de Français » et « pour la SNCF ».
Interrogé sur l’invitation de l’ensemble des syndicats de la SNCF à des réunions bilatérales le 7 mai à Matignon, il a assuré qu’il ne s’agissait « pas du tout » d’un recul. Le gouvernement reste « déterminé » à mener ce qu’il considère comme une réforme « indispensable », et ses trois axes principaux – ouverture à la concurrence, transformation en société anonyme et fin du recrutement au statut – ne font « pas l’objet de discussions ». Les syndicats de la SNCF ont affiché mercredi leur volonté de « mettre la pression » sur le premier ministre, en annonçant des rassemblements le 3 mai à Paris et en régions, quatre jours avant les rendez-vous de Matignon.
Il y a, malgré tout, « encore beaucoup de choses à discuter » concernant les « questions relatives à la reprise de la dette » de la SNCF par l’Etat, notamment « le montant, le rythme, les modalités », a dit Edouard Philippe. Le premier ministre a réaffirmé que si l’Etat reprend la dette, « c’est l’ensemble des Français qui vont porter une dette accrue ». Ils sont donc « en droit d’être exigeants avec la SNCF (…) pour que l’entreprise ne creuse pas à nouveau une dette ».
Les syndicats de la SNCF ont exigé mercredi une véritable négociation sur l’avenir de l’entreprise avec le premier ministre. Les représentants des cheminots en grève ont obtenu cette rencontre avec Edouard Philippe le 7 mai, après avoir refusé de se rendre aux concertations avec la ministre des transports, Elisabeth Borne.
NDDL : départ des derniers « illégaux » d’ici au 14 mai
Edouard Philippe a affirmé que les occupants illégaux de la « zone à défendre » de Notre-Dame-des-Landes n’ayant pas choisi de s’inscrire dans un processus de régularisation devraient avoir « quitté les lieux » à compter du 14 mai.
« La préfète va convoquer pour le 14 mai la première réunion du comité qui a vocation à analyser les dossiers déposés par ceux des occupants illégaux qui veulent rentrer dans (…) le droit commun. A partir du moment où ces procédures sont en œuvre, ceux qui ont choisi de ne pas s’y insérer devront avoir quitté les lieux. »
Interrogé sur la date à laquelle pourront reprendre les expulsions, M. Philippe a réitéré son propos. « Je vous ai dit que la première réunion du comité de pilotage aurait lieu le 14 mai, vous pensez bien que quand on sera dans l’accomplissement effectif de ces procédures administratives ceux qui ont choisi de ne pas s’y insérer devront avoir quitté les lieux, et à ce moment-là nous pourrons intervenir », a-t-il insisté. « Il y a 28 occupants qui en quelque sorte ont accepté la main tendue par l’Etat », a précisé l’ancien maire du Havre.
Air France : Philippe salue la position « courageuse » de Janaillac
Edouard Philippe a salué la position « courageuse » du patron d’Air France, Jean-Marc Janaillac, qui a mis sa démission dans la balance dans le conflit sur les salaires. La direction d’Air France lance jeudi auprès des salariés de la compagnie une consultation sur sa proposition d’augmentation salariale, rejetée par l’intersyndicale. M. Janaillac a prévenu qu’en cas de résultat « négatif », il ne voyait « pas comment [il] pourrait rester » à son poste. Les résultats seront connus le 4 mai au soir.
« Je me dis que si la consultation qu’il a organisée ne donnait pas les résultats qu’il espérait, et s’il en tirait les conséquences, j’inciterais volontiers tout le monde à boucler sa ceinture de sécurité parce que les turbulences à mon avis ne seraient pas minimes. »
« Une entreprise qui verrait son patron partir dans ces conditions, je ne suis pas sûr qu’elle serait dans de bonnes conditions pour affronter la suite », a-t-il poursuivi. « Et c’est la responsabilité des salariés d’Air France », « chacun prend ses responsabilités », a ajouté le premier ministre.
La question posée aux salariés est : « Pour permettre une issue positive au conflit en cours, êtes-vous favorable à l’accord salarial proposé le 16 avril 2018 ? » La direction propose une augmentation immédiate de 2 %, puis 5 % supplémentaires étalés sur trois ans, mais les représentants des salariés réclament 5,1 % dès cette année. Trois syndicats de pilotes d’Air France ont annoncé mercredi avoir déposé un nouveau préavis de grève pour les 3, 4, 7 et 8 mai.