TV – Denis Podalydès, espiègle passe-muraille
TV – Denis Podalydès, espiègle passe-muraille
Par Camille Langlade
A voir aussi ce soir. Dante Desarthe tire un récit malicieux, poétique et légèrement suranné de la nouvelle de Marcel Aymé (sur Arte à 20 h 55).
"Le Passe-muraille" - EXTRAIT 1 HD - VF English subtitles HD
Durée : 00:37
A 46 ans, Emile Dutilleul respire la banalité. Son quotidien, insipide, est rythmé par les nuisances sonores de ses voisins, l’agitation des touristes – il habite à Montmartre – et son travail dans une compagnie d’assurances. Une vie monotone ponctuée par des visites à sa mère, atteinte d’Alzheimer, et à son ex-femme, qui s’évertue à l’inscrire sur des sites de rencontres. Une nuit, pourtant, Emile se découvre le pouvoir de traverser les murs. Il quitte alors son costume de quidam chétif pour venir émailler la « une » des journaux.
Adapté de la nouvelle éponyme de Marcel Aymé (1941), Le Passe-muraille de Dante Desarthe se situe dans un Paris contemporain et coloré, dans lequel ce personnage de Français moyen désabusé détonne et apporte une touche de grisaille. Le pouvoir d’Emile va l’emmener sur des terrains inexplorés. Tandis qu’il tombe amoureux d’Ariane, interprétée par la lumineuse Marie Dompnier, le quadragénaire se laisse aller à quelques élans d’impertinence. Devenu une sorte de super-antihéros, il dévalise musées et banques à sa guise.
Mise en scène intelligente
Campé par un Denis Podalydès jubilatoire, ce M. Tout-le Monde parvient peu à peu à se détacher de ses apparats mélancoliques pour laisser entrevoir une personnalité plus espiègle. « Tu es un cirque à toi tout seul », finira même par lui souffler son amoureuse. Le Passe-muraille se fait l’allégorie décalée d’une société où l’uniformité et la rentabilité sont de mise. Desarthe signe un récit malicieux, drôle et poétique, quoique légèrement suranné. Dans cet univers un tantinet absurde, difficile de ne pas songer à Jean-Pierre Jeunet et son Fabuleux Destin d’Amélie Poulain.
A l’heure du numérique, Emile Dutilleul tient un journal intime vidéo, sur un smartphone dont il ne se sert qu’à de (très) rares occasions. Grâce à un jeu de caméra astucieux et à une mise en scène intelligente, Desarthe semble lui aussi s’amuser à traverser les cadres. Il porte un regard tendre sur son personnage, touchant dans sa médiocrité. Loin d’être banal, Le Passe-muraille est une savoureuse fable moderne, saupoudrée d’une pointe d’ironie, dont on se délecte bien volontiers.
Le Passe-muraille, de Dante Desarthe, d’après une nouvelle de Marcel Aymé. Avec Denis Podalydès, Marie Dompnier, Claude Perron, Maryvonne Schiltz (Fr., 2016, 95 min).