La Ligue confirme son hégémonie dans le nord de l’Italie
La Ligue confirme son hégémonie dans le nord de l’Italie
Par Jérôme Gautheret (Rome, correspondant)
Matteo Salvini compte sur la victoire remportée par son parti dans le Frioul-Vénétie julienne, dimanche, pour peser dans les négociations sur la formation d’un gouvernement.
Matteo Salvini, leader de la Ligue, le 5 avril, à Rome. / Alessandro Bianchi / REUTERS
Certes, la victoire était attendue, et les résultats des élections législatives permettaient déjà d’imaginer qu’elle serait spectaculaire. Mais tout de même, avec plus de 57 % des voix, le candidat soutenu par la coalition des forces de droite, Massimiliano Fedriga (Ligue), a littéralement écrasé la concurrence lors de l’élection régionale de Frioul-Vénétie julienne, dans le nord-est de l’Italie, dimanche 29 avril. Il rejoint ainsi Attilio Fontana et Luca Zaia, respectivement présidents de la Lombardie et de la Vénétie, et devient le troisième gouverneur de région à porter les couleurs du parti de Matteo Salvini.
Agé de 37 ans, mais déjà très expérimenté (il siège à la Chambre des députés depuis 2008, et a été le chef du groupe Ligue du Nord de 2014 à la fin de la législature), M. Fedriga avait tout pour réussir. Originaire de Trieste, une ville où la Ligue a toujours été plutôt faible, il a su parler à l’électorat du Frioul rural, en insistant sur le combat pour l’autonomie, la protection de l’agriculture locale et la lutte contre l’immigration irrégulière. De plus, il a profité à plein de la dynamique actuelle entourant la Ligue de Matteo Salvini, devenue, avec 17 % des voix, la principale force de la droite italienne, elle-même arrivée en tête au soir des élections du 4 mars.
Cet élan est encore plus manifeste dans une région, le Frioul-Vénétie julienne, où la droite l’avait nettement emporté le 4 mars. Reste que M. Fedriga a su accroître l’avantage qui lui était promis. Et au sein de la coalition de droite, la Ligue (35 % des voix contre à peine 12 % à Forza Italia) a démontré une fois de plus son actuelle hégémonie dans le nord de l’Italie.
La chute du Mouvement 5 étoiles
Face à lui, le résultat le plus impressionnant est la chute du Mouvement 5 étoiles. Desservi par un candidat inconnu (Fraleonzi Morghera), qui n’a jamais réussi à sortir de l’anonymat, le mouvement protestataire, qui avait obtenu près de 25 % le 4 mars, réunit à peine 11 % des suffrages autour de la personne de son candidat. Un résultat qui peut être lié à l’importance de l’abstention, mais qui confirme une fois de plus l’extrême difficulté pour le mouvement de mobiliser lors d’élections intermédiaires, ainsi que la faiblesse de son vivier de candidats à l’échelon local.
Le parti démocrate, en revanche, ne s’est pas trop mal sorti de l’épreuve. Avec 28,5 % des voix, l’ancien vice-président de l’exécutif sortant, Sergio Bolzonello, obtient un résultat presque inespéré, réalisé grâce une campagne réussie, et à l’extrême discrétion des dirigeants nationaux du parti démocrate, qui ont limité leur présence au strict minimum… afin de ne pas handicaper leur candidat.
Après l’annonce des résultats, les premiers mots de Massimiliano Fedriga auront été pour souligner l’importance nationale de ce succès :
« Ce score est impensable, la Ligue a obtenu le plus important pourcentage de son histoire. Espérons que ce résultat servira également à Rome. »
A Rome, bien sûr, les états-majors ont regardé avec une attention particulière le résultat de cette première échéance d’importance depuis l’élection du 4 mars, mais les regards sont tournés vers les difficiles relations entre les grillinistes (soutien de Beppe Grillo) et la gauche. Après l’échec des négociations entre la droite et le Mouvement 5 étoiles, les tractations avec le parti démocrate se heurtent à l’opposition de principe de l’ancien premier ministre Matteo Renzi. Comme un fait exprès, Luigi Di Maio vient d’ailleurs de proposer à M. Salvini de proposer de nouvelles élections en juin, sans que l’on sache s’il s’agit d’une nouvelle stratégie ou d’un moyen de faire pression sur la gauche.